UNE DÉCONCERTANTE MÉSANGE
Le tout débute sans le savoir le 23 octobre 1993 lorsqu’en
cette journée humide et très difficile pour l’observation
des oiseaux, dû au temps sombre, un spécimen aviaire se
présente à la rive opposée de la rivière qui passe
à la limite du boisé de mon terrain. Cet oiseau, dans les herbes
desséchées à la côte et ce, au pied des arbres,
ressemble étrangement à une Mésange à tête
brune, mais comme mentionné ci-haut, la vision est très
déficiente et des doutes subsistent sur l’identification
officielle, d’autant plus que la distance entre l’oiseau et
moi-même est assez importante et devient un autre facteur à
considérer.
Il faut attendre au 15 décembre 1993 avant d’avoir une
suite à l’épisode du 23 octobre, car à 16 :00
heures, confortablement assis à ma fenêtre, je scrute le sous-bois
de la cour arrière tout en surveillant les mangeoires et, dans la neige
fraîchement tombée des derniers jours, une mésange surgit
sur une tige de bardane. Cet individu, temporairement confondu avec la
Mésange à tête brune, suite logique du recensement
imprécis d’octobre, n’en est pas une et je suis
projeté dans l’inconnu; tout en prenant le maximum d’informations
sur la mésange, je consulte mon guide des oiseaux et je retrace
facilement l’espèce, soit une magnifique et exceptionnelle
Mésange à dos marron! Donc, je la suis très attentivement
dans tous ses déplacements à l’orée du boisé
et ce, dans la végétation parsemée près du sol, car
je suis presque convaincu que je ne vais plus la revoir; la raison de cette
pensée négative est que cette rarissime mésange habite la
côte du centre de la Californie et qu’elle va tenter de retrouver
son chemin le plus rapidement possible.
Je suis très fier de cette découverte dans la gent
ailée et je l’ajoute à ma liste à vie tout en
pensant de ne plus la revoir : mais, dès ce moment, je me trompe.
En effet, le 19 décembre, à 15 :00 heures, encore en
observation sur ma chaise favorite dans la maison, une ombre volante
apparaît et va se poser sur des brindilles de la verdure morte, pour
réaliser très vite que c’est la merveilleuse Mésange
à dos marron, avec sa calotte brun fuligineux, ainsi que son dos, son
croupion et ses flancs marron : tout simplement ravissant.
Contrairement à la Mésange à tête noire,
cette espèce ne se présente pas aux mangeoires,
préférant demeurer dans la basse végétation du
sous-bois; dès le lendemain, 20 décembre, elle revient à
son endroit favori à 9 :30 heures, pour ainsi être son
dernier passage à ma cour arrière. Cette Mésange à
dos marron fut l’un des repérages les plus appréciés
jusqu’à aujourd’hui, ce qui n’est pas peu dire, car la
liste personnelle à vie est assez longue; je la remercie d’avoir
choisi mon terrain dans son périple des plus périlleux, tout en
souhaitant qu’elle ait pu retrouver sa route.