LA CAPTURE ILLÉGALE
D’OISEAUX
Contrairement à plusieurs pays où la capture des oiseaux
est tolérée et même permise, au Québec et au Canada,
il est strictement interdit de capturer tout oiseau indigène et sauvage,
tant local que migrateur, sous peine d’amende; les seules personnes
autorisées à le faire sont les bagueurs de certaines
espèces pour des contrôles précis et pour obtenir le
maximum d’informations sur ces dites espèces, et ces gens doivent
obligatoirement obtenir un permis spécial des autorités
gouvernementales tout en faisant
partie d’un organisme reconnu.
Même à la fin des années 1940, cette
réglementation existait, mais quelques gens la défiaient et
s’amusaient à prendre au piège quelques spécimens
pour les mettre en cage; un de mes oncles faisait partie de ces
« hors-la-loi » et son oiseau favori correspondait au
Chardonneret jaune qu’il appelait, comme la majorité
d’ailleurs, serin ( de nos jours, le
chardonneret est encore très souvent surnommé serin ). Mon oncle
attrapait ce joli petit oiseau jaune au béret noir avec un
trébuchet, soit une boîte de bois soulevée à une
extrémité, endroit soutenu par un bâtonnet, auquel une
corde assez longue était attachée; sur le sol, en-dessous de la
boîte piégée, des graines pour oiseaux servaient
d’appâts pour y amener le Chardonneret jaune, une méthode
qui réussissait très souvent. Après avoir tiré sur
la corde pour faire tomber le piège, mon oncle n’avait
qu’à prendre l’oiseau et le mettre dans une cage qu’il
amenait dans sa maison, lequel oiseau était nourri et gardé ainsi
pendant seulement quelques jours et, par la suite, relâché.
Sachant qu’il pouvait se faire prendre en infraction, ce membre de
ma parenté évitait de parler de ses gestes
répréhensibles, même si c’était seulement pour
passer le temps, car il craignait l’arrivée des agents de
conservation. Un bon jour (mauvais, dans ce cas-ci), ce qui devait arriver
arriva, et il fut mis sous arrêt pour ses opérations
illégales, d’autant plus que la preuve accablante se trouvait
devant les yeux du garde-chasse, soit un Chardonneret jaune en cage. Mon oncle
en fut quitte pour une légère amende, sous la condition de ne
plus reprendre ses activités de captures d’oiseaux; ce dernier se
demanda qui avait bien pu le dénoncer? Personnellement, j’ai ma
petite idée, car, très souvent, sa femme (ma tante)
l’avertissait de cesser d’apporter des chardonnerets dans la
maison, le menaçant, à l’occasion, de faire venir les
agents de conservation, et elle était capable de le faire! Elle aimait
voir les oiseaux en liberté, mais détestait leur présence
dans la maison, emprisonnés dans une cage.
Le
Moineau domestique était une autre prise assez facile avec la
méthode du trébuchet et parfois, mon oncle aimait en capturer
quelques-uns (avec des morceaux de pain), pour les remettre
immédiatement en liberté, ce, bien entendu, avant son arrestation
énigmatique! La venue impromptue des gardes-chasse l’avait
définitivement découragé de recommencer, ainsi que tous
ceux de notre rue qui auraient été tentés de faire de
même, car, la nouvelle s’était répandue comme une
traînée de poudre, laissant dorénavant tranquilles les
Chardonnerets jaunes et aussi, les Moineaux domestiques.