LA TOILE D’ARAIGNÉE ENCHANTÉE

 

            En ce 28 août 2009, confortablement installé sur ma chaise tout près des abords de la rivière, je laisse le soleil inondé mon corps de ses rayons dorés tout en essayant de trouver les oiseaux pouvant fréquenter l’environnement immédiat : c’est tout simplement paradisiaque pour le moment.

 

            Tout en prolongeant cette situation agréable, mes yeux sont attirés par des jets d’une lumière inhabituelle et aux effets spéciaux dans une kyrielle de couleurs; alors, sans me déplacer de ma position privilégiée, je pose mes jumelles en cette direction intrigante pour constater la présence d’une toile d’araignée, laquelle toile semble inachevée dans sa forme de triangle isocèle dont le point d’attache de chacune des extrémités est au sommet d’une tige d’Impatientes du Cap et ce, au-dessus des fleurs orangées, espacées d’un pied environ entre ces dites tiges les supportant.

 

            L’originalité de ce qui se déroule devant moi sur cette toile m’hypnotise sur-le-champ et je me régale de cette démonstration naturelle en remarquant, dès les premiers instants, sur le fil isocèle de l’ouest du haut et sur le fil continu du bas, des reflets multicolores aux changements continuels de couleurs, passant du lilas au bleu et du vert au rose par enchantement; cette magie instantanée est le résultat combiné du vent, de la clarté et du déplacement imperceptible du soleil : merveilleux!

 

            La représentation de cette scène des plus fascinantes se poursuit de plus belle en ajoutant un feu d’artifice composé de dizaines d’étincelles sortant à l’horizontal entre les fils du chef-d’œuvre de l’Argiope dorée et ce, tour à tour, en de minuscules boules de feu vertes, roses, jaunes, orangées, bleues, lilas, mauves et émeraudes; le vent et les autres éléments du moment projettent ces langues de feu, tantôt un peu vers le haut, tantôt un peu vers le bas : spectaculaire!

 

            Ce bombardement de beauté lumineuse sur les fils de la toile passe totalement inaperçu pour l’araignée, laquelle effectue une sieste au centre de son piège à insectes et à papillons et ce, avant de reprendre son travail de spécialiste du tissage et ainsi, éventuellement terminer l’œuvre qui lui permettra de bien vivre. Après le retrait prononcé de l’astre du jour à l’arrière des arbres, seulement quelques lueurs argentées osent encore emprunter le fil supérieur de la toile et c’est le premier signal de la fin de ce spectacle en plein air, lequel, en valait réellement la peine, surtout que le prix d’entrée ne figurait pas au programme : comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de payer pour obtenir d’heureux moments dans la vie.