INEXPÉRIENCE?
Dans la matinée d’une journée
d’automne qui se réchauffe lentement, après une nuit sous le point de
congélation, laquelle a été assez froide pour figer l’eau dans les flaques sur
l’asphalte, j’emprunte la rue conduisant à la poissonnerie et ce, dans une
marche accélérée, comme d’habitude; encore à une distance respectable de mon
local de travail, de loin, je remarque deux Tourterelles tristes s’abreuvant à
une trace d’eau dégelée depuis peu et ce, grâce à l’apparition timide du
soleil. Dans ma progression, une des deux tourterelles s’enfuit rapidement pour
aller se poser sur un fil électrique et l’autre cesse de boire, tout en
piétinant sur place et devenant nerveuse, lors de mon arrivée près d’elle;
pourquoi ne déguerpit-elle pas à son tour?
Les pattes dans l’eau, je me rends
compte qu’elle a la queue prise dans la glace, à la surface congelée de la
partie arrière de son corps et alors, je me penche pour la soulever tout en
tentant, avec précaution, de retirer les plumes captives du gel, mais, oh
malheur!, elle se débat et je l’échappe, pour la voir s’élever en laissant sa
queue dans la main encore dans la glace cassée, de laquelle j’ai, trop tard,
hélas, réussi à la dégager.
C’était probablement à un premier
contact avec le froid que cette Tourterelle triste a dû faire face et elle va,
malheureusement, en subir les conséquences toute sa vie, avec des séquelles
irréparables et ce, à cause de son inexpérience des plus évidentes.
DEUX DÉPARTS, DEUX RAISONS
S’il y a un oiseau que l’on veut
avoir à ses plateaux d’alimentation, c’est bien le Cardinal rouge et j’ai eu la
chance de profiter pleinement de sa présence, et ce, à plusieurs reprises, pour
constater, tôt ou tard, le départ, toujours appréhendé. Un de ces départs, soit
un couple, est uniquement la conséquence d’un manque de nourriture sur une
période de six jours consécutifs, n’ayant pas l’occasion de renouveler mes
provisions de graines de tournesol noir, faute d’un moyen de transport; mais,
j’ai retiré une leçon de cette mauvaise expérience et je me suis juré de ne
plus manquer de victuailles, car la patience ne semble pas être une des principales
qualités de cet oiseau des plus spectaculaires.
L’autre abandon des mangeoires de
ma cour par un Cardinal rouge, celui-ci mâle, est le résultat d’un incident
navrant, le concernant intimement; en effet, un de mes voisins de quartier m’informe,
par un bel après-midi ensoleillé de fin d’hiver, que son chat, deux jours
auparavant, a dévoré une femelle Cardinal rouge et ce, à la cour arrière de son
terrain : je sais que c’était la compagne du mâle qui fréquente mes
installations pour le nourrir et je crains, déjà, son départ.
Avec raison car, pendant trois
jours consécutifs, très tôt, aux premières lueurs de clarté, le veuf vient
chanter une trentaine de minutes à chaque occasion à l’avant du domicile, en
vain, à la recherche de sa dulcinée, ce pour, ensuite, ne plus revenir,
constatant les échecs de ses appels : dommage!