PÊCHE À LA BARBOTTE SUR L’AUTOROUTE!
Avant l’ouverture officielle de
l’autoroute 40 en 1979, surtout dans le secteur entre Louiseville
et Yamachiche, la voie sud, laquelle longe la
« grande baie Yamachiche » qui fait partie
du lac Saint-Pierre, a connu une activité des plus intéressantes. En effet,
entre 1976 et 1979, particulièrement, cette fameuse voie sud de l’autoroute
n’était pas encore ouverte à la circulation, avec les grandes difficultés
rencontrées lors de la construction, surtout occasionnées par l’obligation
d’ériger un mur de pierre tout le long de la route, laquelle traverse la baie,
ce, entre Louiseville et Yamachiche.
Les délais supplémentaires pour
l’érection de ce mur, protégeant principalement de la crue printanière des
eaux, ont largement profité aux pêcheurs de barbottes brunes, lesquels ont pu,
pendant quatre ans, pratiquer leur activité sportive favorite, en toute
quiétude et avec une facilité désarmante, car ils n’avaient qu’à se présenter
sur le bord de l’autoroute avec leur ligne et ainsi, pêcher des heures et des
heures, ce, sans être le moindrement dérangés.
La pêche à la barbotte s’effectuait
les fins de semaines, entre le 15 avril et le 15 mai, soit la période de la
crue printanière où l’eau longeait l’autoroute, et les pêcheurs sportifs se
rendaient à celle-ci, soit en auto ou soit en vélo; certains s’y rendaient même
à pied! Certains jours, une filée interminable de véhicules indiquait la très
grande popularité de cette pêche, d’autant plus que la barbotte,
habituellement, ne se faisait pas prier pour venir prendre un ver, faisant
l’affaire de quelques familles moins nanties financièrement, en les aidant à
boucler la fin de mois. Les adeptes de ce poisson s’assoyaient, au début, sur
le rempart de sable pour, par la suite, être plus confortables, en utilisant
les pierres du mur comme bancs.
Dans la municipalité, il n’était
pas rare de voir des jeunes, de dix à quinze ans, revenir avec des chaudières
et/ou des brochetées contenant plusieurs dizaines de barbottes, lesquelles
étaient accrochées aux poignées de leur bicyclette; réellement, ces printemps
ont été très spéciaux et n’ont jamais été oubliés par ceux qui en ont amplement
bénéficié. Si l’autoroute a eu des mauvais côtés pour certains, pour d’autres,
elle a su leur procurer plusieurs heures de bonheur par ces petites pêches
miraculeuses à la barbotte, ce qui est, dans un sens, une certaine consolation.