DÉFENSE DU TERRITOIRE
Chez les oiseaux, l’esprit de famille
est très puissant et dès que l’un des membres est menacé, rien n’arrête les
autres entités du groupe dans la protection de celui-ci, même au prix de leur
vie, si nécessaire; la grosseur et/ou la force prédatrice de l’attaquant n’ont
aucune importance dans une telle situation, car ce qui compte avant tout est la
survie de l’individu en danger.
Les tactiques de défense sont
souvent différentes, selon l’espèce concernée, dont la fuite comme le Pluvier kildir, la Gélinotte huppée et plusieurs sortes de canards,
ce, afin de distraire et d’éloigner le poursuivant, surtout lors de la période
de reproduction et lors des premiers jours de vie des jeunes. Par contre,
d’autres oiseaux choisissent la confrontation et ce, même s’ils sont plus
petits que le prédateur, dont le Carouge à épaulettes et le Quiscale bronzé, lesquels pourchassent la
Corneille d’Amérique qui tente de piller leur nid respectif; à son tour, la
corneille fonce sur les diverses espèces de buses qui tournent autour de son
aire de reproduction; quant aux hirondelles, sans hésitation, elles repoussent
l’homme par des plongées spectaculaires vers sa tête, une méthode très efficace
lorsque ce dernier est trop près de la « maison ».
Certains spécimens ne refusent pas
la confrontation avec un individu de la même espèce, ce qui est le cas,
notamment, de la Foulque d’Amérique, du Grèbe à bec bigarré et du Plongeon
huard; ces attaques sont tout simplement pour protéger le territoire occupé, ce
qui est sans danger pour les tempéraments belliqueux, sauf pour l’orgueil du
perdant de la bataille des intimidations. Avec la technologie d’aujourd’hui,
les oiseaux n’ont pas encore appris à se méfier des subterfuges employés par
l’humain pour les observer et l’un d’eux est d’enregistrer leurs cris et leurs
chants, les obligeant à sortir de leur nid ou de leur tanière, ce, afin de
protéger leur territoire.
Il ne faut pas abuser de ce moyen
artificiel, surtout en période de nidification, car il peut faire rater une
couvée par les trop nombreuses sorties du nid ou même, par l’abandon du site
par le couple troublé; un des oiseaux les plus agressifs en de telles
circonstances est le Râle de Virginie, lequel s’en prend littéralement à
l’enregistreuse en la piétinant et la piquant de son bec.
Le paragraphe qui va suivre va
démontrer à la fois la hargne et la fragilité desquels un oiseau peut être
habité et voici la situation inhabituelle.
Au mois de mai 2009, un observateur
veut vérifier à la voie ferrée de la partie ouest de Yamachiche
si les Hirondelles hérissées sont encore sous le ponceau de cette ligne
ferroviaire et comme il ne veut pas perdre de temps, il prend son enregistreuse
avec leur chant et installe cette dernière sur le toit de l’auto. La réaction
de l’une de cette sorte d’hirondelle ne se fait pas attendre et celle-ci arrive
en trombe pour immédiatement se diriger vers le sol et commencer à foncer sur
les pneus du véhicule, ce pour chasser l’intrus qui se trouve sur son
domaine : pourtant, l’enregistreuse est sur le toit et non sous les pneus!
Est-ce que l’Hirondelle à ailes hérissées entend un écho qui se répercute sous
l’auto et ce, sans trouver l’endroit exact de la provenance des sons ou, est-ce
seulement pour faire fuir l’auto en s’attaquant aux pneus?
Intrigant quand même, car deux ans
auparavant, le même rituel s’est produit à la Baie-du-Febvre, avec un autre
spécimen d’Hirondelle à ailes hérissées s’en prenant encore aux pneus de notre
observateur et non à sa radio-cassette. Ce
comportement original est probablement spécifique à cette espèce d’hirondelle,
ce qui est tout simplement impressionnant, tout en démontrant qu’il y a encore
beaucoup de choses à apprendre dans le monde aviaire.