LE POURQUOI DES DEUX CROIX

Dans le passé, la Grande rivière Yamachiche a fait des siennes par quelques noyades mémorables dans ses eaux, ce qui lui a donné la réputation de cours d’eau dangereux; le plus récent événement du genre s’est produit au début de 1999, lors d’une fin de journée d’hiver.

Revenant de l’embouchure de cette rivière par la route parallèle à celle-ci, laquelle menait aux chalets de pêche pour la pêche blanche situés dans la « petite baie », un citoyen de Yamachiche, Éric Labonne (25 ans), a perdu le contrôle de son véhicule pour voir ce dernier basculer dans ce dit cours d’eau et se renverser tout en cassant la glace et rejoindre le fond composé d’eau froide. Malgré l’intervention rapide des pompiers volontaires de la municipalité (dont un qui enleva son habit imperméable et qui sauta dans l’eau glacée), formés pour une telle circonstance, il était trop tard pour sauver la vie du jeune homme, probablement décédé lors des premiers moments après la chute brutale.

Ce triste accident aurait sombré dans l’oubli si des proches n’avaient posé un geste rempli de liens très forts entre eux et la victime, soit la pose de deux crucifix sur deux peupliers géants, à proximité de la rivière et face à l’eau, soit à l’endroit du drame. Les crucifix ne sont pas visibles du chemin conduisant à la Pointe-Yamachiche et c’est sûrement préférable ainsi, car un possible vandalisme sauvage d’une ou plusieurs têtes folles pourrait se produire pour, en quelque sorte, profaner ces marques de respect envers le défunt provenant de la famille et des amis. Ces signes religieux sur les arbres ont été découverts par un photographe de plantes et de fleurs sauvages, lequel s’interrogea du pourquoi des croix sur les troncs; le texte ci-haut est la réponse, ce à quoi il s’attendait en pensant en premier lieu à un événement triste, ce qui en est réellement un.

La Grande rivière Yamachiche, à son embouchure, lorsque les remous étaient beaucoup plus abondants et surtout dangereux, a mérité son titre de tueuse en enlevant la vie le 20 juillet 1967 de Jean-Guy Trahan (21 ans), fils de Majorique Trahan et de Maria Couture, pour se reprendre le 17 juin 1970, en attirant dans ses eaux, vers la mort, Marcel Milette (13 ans), garçon de Jules Milette et Claudette Milot. Il est à noter que les pêcheurs commerciaux, les frères Lamirande, soit Antonio et Joseph, étaient souvent demandés pour trouver et retirer les corps de l’eau, reconnus pour leur compétence en la matière.