PETIT OISEAU JAUNE ET VERT D’HIVER

Ayant déjà observé un Pic à dos rayé dans le secteur du « petit royaume », à la Petite rivière Yamachiche, en ce 9 décembre 2006, je me rends sur ce site, même si une mince couche de neige recouvre le sol, ne dérangeant en rien les pics qui cherchent leur nourriture sur les arbres. Mes recherches sont vaines, principalement sur les saules, lesquels sont largement la cible des Pics à dos rayé et des Pics à dos noir, mais je n’abandonne pas et en suivant un Bruant chanteur qui va se cacher dans les tiges des herbes séchées, celui-ci me fait découvrir un petit oiseau jaunâtre, du moins, au premier coup d’œil.

Me déplaçant au rythme de l’individu aviaire, lequel ne cesse de zigzaguer dans la haute végétation dense, je réussis enfin à l’identifier et quelle surprise!: c’est une Paruline à calotte noire et son dos verdâtre à saveur d’olive la trahit, d’autant plus qu’elle me montre son diminutif béret noire sur sa tête. Je suis très fier de ce recensement, car c’est vraiment inusité de voir cette espèce à une date aussi tardive; les deux jours suivants, je tente de la retrouver, mais c’est peine perdue (je m’attendais à cela).

Le 21 décembre, comme il n’y a pas trop de neige au sol et que je ne sais absolument pas où aller, je reprends la route vers le « petit royaume » et ce, afin de scruter le lac Saint-Pierre, dans une possible présence de quelques spécimens aquatiques sur ses eaux, si celles-ci sont dégagées des glaces à une distance respectable des rives. En passant près des lieux du repérage de la Paruline à calotte noire, machinalement et sans y croire, je promène mes jumelles sur les touffes de foin recouvertes de neige et comme je m’apprête à continuer mon trajet, un léger déplacement entre les branches d’un arbre couché sur le sol m’intrigue et je m’approche de ce dernier avec curiosité, tout en m’attendant à encore voir un Bruant chanteur ou même, une Mésange à tête noire.

L’oiseau, en se faufilant de l’autre côté du tronc, est extrêmement difficile à suivre, mais à force de patience, soudainement, il se montre et c’est la fameuse Paruline à calotte noire, laquelle en est à sa douzième journée depuis ma découverte de sa présence; elle est très active et elle semble très en forme, malgré les dernières nuits froides : elle semble se nourrir d’araignées et de tout ce qui peut lui tomber sous le bec. Combien de temps cela pourra durer?, car les grands froids vont arriver, tôt ou tard. Elle change mes plans et je retourne à la maison, avec la ferme intention de revenir demain.

Comme prévu, le 22, je suis sur le site et après plusieurs minutes de recherches, je l’aperçois à cinquante mètres plus loin de sa position d’hier, beaucoup moins à l’abri du vent, mais le soleil compense pour cet inconvénient; cette énergique paruline sautille d’un arbrisseau à l’autre, quand ce n’est pas de joncs secs et d’autres, car la neige est pratiquement disparue de l’endroit qu’elle fréquente, avec la montée des eaux de la nuit dernière et dont la surface est maintenant gelée.

Le lendemain et les deux jours suivants me permettent de la revoir encore, toute aussi fringante, malgré qu’elle ne peut presque pas se camoufler dans ses déplacements, avec le peu de végétation pour l’abriter; mais dans ces circonstances, elle semble embellir de jour en jour, car le jaune de sa poitrine est éclatant et l’olive de son dos est de plus en plus verdoyant, tout en voyant, par contre, sa petite calotte s’estomper peu à peu. C’est une étrange vision que de la voir se promener au-dessus de cette glace luisante, aux arbustes dénudés et aux tiges mortes, elle, habituellement aux branches feuillues des arbres et des bosquets.

Après le 25 décembre, la neige et le vent ont apparu et la Paruline à calotte noire, pour sa part, a disparu, puisque je ne l’ai plus revue. Il est à espérer qu’elle a pu continuer sa route et s’en tirer, mais j’en doute; souvent, ces oiseaux retardataires (perdus, malades, traînards ou blessés) meurent, dû au froid et au manque de nourriture.