LE MOINEAU À L’ÈRE DES ANNÉES 2000

Dans les années 1950 et 1960, le Moineau domestique faisait partie intégrante du paysage aviaire de nos municipalités et son existence n’était pas remise en question, tellement il était partout. Aujourd’hui, c’est une toute autre histoire, car il se fait de plus en plus rare et lorsque l’on en voit une dizaine dans un secteur, c’est la surprise. À cette époque, les automobiles ont commencé à remplacer les chevaux sur nos routes, lesquels chevaux avaient un certain impact sur le moineau, car celui-ci trouvait une partie de sa nourriture dans le crottin de cet animal, communément appelé « pomme de route », et surtout très recherché en hiver.

Au début des années 1990, il était encore possible de recenser quelques bandes de Moineaux domestiques, dont certaines dépassaient parfois la centaine, mais la population de cette espèce a rapidement chuté dans les années suivantes, pendant lesquelles un facteur a contribué à accélérer ce processus à Yamachiche, soit des empoisonnements à intervalles réguliers (au 4 ans environ) des Pigeons bisets se trouvant à une meunerie locale; les Moineaux domestiques et les Étourneaux sansonnets, entre autres, en ont subi les conséquences par une baisse de leur population respective, car ils s’alimentaient avec les pigeons.

Dès 2002, lors du Recensement des oiseaux de Noël, seulement 33 Moineaux domestiques ont été trouvés dans le village de Yamachiche, indiquant déjà la tendance à la baisse des « moineaux gris ». À cette période, il y a même eu une séquence de près de trois mois pendant laquelle seulement quatre moineaux furent aperçus sur le territoire urbain de la municipalité; ce fut très inquiétant. Lentement, des spécimens ont réapparu aux mangeoires, mais dépassant rarement la dizaine, ce qui faisait contraste avec les années 1990 et l’on ne parle même pas de la fameuse période des années 1950!

En 2005, le centre de la municipalité était occupé par un groupe d’une cinquantaine de « petits moineaux », ce qui fut alors, presque un événement; depuis, le village semble subir l’absence de cette espèce d’oiseau et une raison majeure de cet état de chose est la constante présence de Faucons émerillons (au moins un couple) pendant la période estivale et ce, depuis les quatre dernières années (depuis 2006); ces petits rapaces sont de redoutables et efficaces chasseurs et lors de la nidification, ils ratissent complètement le secteur où ils sont établis, éliminant presque toutes les espèces d’oiseaux, comme le Chardonneret jaune, la Mésange à tête noire, le Pic mineur, le Merle d’Amérique, le Roselin familier, le Roselin pourpré, l’Étourneau sansonnet, le Carouge à épaulettes, le Martinet ramoneur, l’Hirondelle bicolore, l’Hirondelle rustique, ainsi que plusieurs autres sortes, sans oublier le Moineau domestique. À l’automne, lorsque les Faucons émerillons quittent le centre urbain, celui-ci devient silencieux, n’ayant presque plus d’oiseaux dans ses alentours : même les Tourterelles tristes passent dans le menu de ces faucons, vers la fin de l’été. Une des solutions pour tenter de décourager ces derniers de revenir l’année suivante est de ne pas nourrir les oiseaux pendant l’été, mais ils sont des plus tenaces.

Le dernier Recensement des oiseaux de Noël ayant fourni un résultat intéressant pour le Moineau domestique fut celui de 2007, avec 61 individus, mais il a fallu se rendre dans le rang Chemin Rivière-du-Loup, pour les voir, tout en espérant que, depuis ce temps, les Faucons émerillons ne les ont pas trouver, à leur tour, parce que je ne donne pas cher, aussi, de la peau de ces moineaux (comme la majorité de ceux du village)! En définitive, l’avenir n’est pas rose pour le Moineau domestique et profitons de la présence de ceux qui restent en le nourrissant avec des croûtes de pain, comme dans le « bon vieux temps », parce que ce n’est pas assuré que nous allons encore le voir longtemps, ce, devant la possibilité qu’il disparaisse à jamais!