Rêves magiques d’oiseaux 21

LA GRISERIE DES HIRONDELLES

Dans une certaine nuit du printemps 2007, l’aventure se glisse dans le lit et s’empare de mon subconscient pour le transporter avec elle, sans demander la moindre permission. Cette aventure du sommeil guide les yeux de l’invisibilité de mon apparence, lesquels sont, dans l’état spirituel du moment, au milieu d’un vaste espace où une ligne électrique accueille sur ses fils, une vingtaine d’hirondelles; au premier regard, je reconnais une dizaine d’Hirondelles rustiques et trois Hirondelles à ailes hérissées. Quant aux six ou sept autres, elles ont, chacune, le dos et les ailes grisâtres, avec trois gros points noirs sur ces dites ailes et aussi, trois autres ronds similaires aux flancs; c’est une très belle image d’oiseaux dans leur apparat du jour, car ils sont tous sous une lumière éclatante.

Mon esprit se glisse dans un boisé situé près d’une rivière et à quelques mètres seulement des fils, abandonnant ces jolies voltigeuses, toujours au repos. Dès que les premiers arbres aux branches dénudées de tout feuillage, encore aux premières heures de leur renaissance printanière, montrent leur cime respective, quelques parulines commencent à se promener sur la peau rugueuse de chacun de ces troncs; tour à tour, une Paruline à croupion jaune, une Paruline masquée, une Paruline flamboyante et deux autres espèces non identifiées paradent, mais il est beaucoup trop tôt pour le faire (comme d’ailleurs les hirondelles de tantôt), car ces géants de bois de la nature sont à peine bourgeonnés.

Avant de poursuivre sa route, mon apparence invisible accueille un premier ami qui se permet de s’émerveiller devant ces parulines et il augmente le pas afin de rejoindre une autre connaissance, pour nous retrouver tous les trois à l’embouchure de la même rivière du boisé, ce, lors de l’entrée de mon esprit en celui-ci. Ce cours d’eau ressemble étrangement à la Petite rivière Yamachiche et mes deux copains incarnés découvrent aux abords de ces eaux, plusieurs bécasseaux aux espèces inconnues d’eux, ce qui ne les empêche nullement d’apprécier leur beauté.

Ayant la forme d’une gigantesque tortue aux dizaines de pattes, un énorme réservoir est enfoncé dans la terre du rivage, à quelques mètres seulement de l’embouchure, lequel réservoir est retenu par des poteaux de bois dur, coupés au ras du sol; cette vision, qui devient la dernière, est d’autant plus saisissante que l’un de mes compagnons du rêve se trouve à être précisément un ancien contremaître de la municipalité, à la retraite depuis déjà plusieurs années et que ce dernier semble réellement apprécier tous les instants qu’il passe devant ce petit chef d’œuvre artisanal, appartenant sûrement au monde de l’aqueduc; le songe est un des moyens par lequel le passé peut revenir nous voir et parfois, c’est heureux, comme dans ce moment.