DES CANARDS AU FOUR

Au printemps, à la période de reproduction pour les canards, quelques espèces, comme le Canard colvert et le Canard noir, s’aventurent dans les champs situés à proximité du lac Saint-Pierre, afin de nicher et lorsque les agriculteurs commencent leurs semences, les nids sont en réel danger, avec la machinerie lourde qui passe à ces endroits; souvent, les couvées sont perdues après le passage des poids lourds des champs.

Mais, dans les années 1990, une fermière, aussi amante des oiseaux, a trouvé une solution originale à cette problématique lorsque les œufs étaient découverts par cette dernière; au lieu de les laisser détruire par les instruments aratoires, en fermant les yeux comme si de rien n’était, elle a employé les grands moyens et comment!

En effet, pendant plusieurs années, dès que cette agricultrice repérait un ou quelques nids d’œufs de canard, elle les ramassait et les apportait à la maison pour les mettre dans le four de sa cuisinière, afin que la couvaison se fasse quand même et ce, sous une constante surveillance; il lui a fallu trouver la température idéale pour que chacune des tentatives soit menée à terme, avec le plus possible d’éclosions.

À la sortie des canetons de leur coquille respective, la présence de cette dame salvatrice sécurisait ces nouveaux-nés et elle devenait automatiquement leur mère adoptive. Dans les jours suivant l’éclosion, les petits canards étaient bien nourris et ils la suivaient constamment lors de ses déplacements sur la ferme, comme tous les rejetons modèles de ce monde animal.

Dès que ces petites boules de duvet étaient rendues à l’âge de se débrouiller seules, la liberté leur appartenait en s’envolant vers le lac Saint-Pierre, originalement le lieu d’arrivée de leurs parents et ce, sous l’œil attendri de leur « mère » de la ferme. Cette passionnée des oiseaux aquatiques mérite indéniablement notre admiration pour ses nombreux sauvetages désintéressés de couvées de canard et ce, au fil des ans, toujours dans l’anonymat.