LES CHALETS DE LA « PETITE RIVIÈRE » 

Dans les années 1950 à 1970, la Petite rivière Yamachiche était un site très fréquenté vers son embouchure qui se jette toujours dans le lac Saint-Pierre, même si l’environnement a beaucoup changé depuis ce temps. En effet, l’effervescence de l’après-guerre se faisait sentir jusqu’à cet endroit très populaire par les propriétaires de chaloupe ou de yacht, lesquels possédaient aussi un chalet d’été, en bas de la « petite rivière ».

Les fins de semaines voyaient régner une fébrile activité sur l’eau de ce lieu paradisiaque et même les Frères des Écoles Chrétiennes s’étaient dotés d’un chalet sur la rive ouest de cette dite rivière. Avant l’expropriation, en vue de la construction de l’autoroute 40, laquelle fut terminée en 1979, environ quinze à vingt chalets occupaient les lieux et plusieurs de ceux-ci étaient sur les terrains de M. André Pellerin, lequel louait chacun pour une modique somme en retour de l’autorisation saisonnière pour l’installation de la bâtisse, le droit de passage inclus; une barrière protégeait les chalets et permettait le contrôle des locations et des droits de passage, car ces derniers étaient exigés pour les pêcheurs commerciaux et autres utilisateurs occasionnels. Afin d’accéder aux chalets de la rive est, plusieurs utilisaient le chemin de M. Jacques Bergeron, lequel partait de la rue Gélinas.

Les maisons de campagne rudimentaires pouvaient être déplacées dans la majorité des cas, parce que les services municipaux, comme l’électricité et l’eau, étaient inexistants à cette époque, et celles-ci ne pouvaient être habitées en hiver, n’étant pas isolées; cependant, dans les dernières années, M. André Pellerin avait fait installer une ligne d’eau pour les résidants l’ayant demandée. Seulement deux chalets étaient installés sur des gros blocs en béton de deux pieds de haut et seul, le propriétaire, demeurait à l’année, à la Petite rivière Yamachiche.

Le propriétaire des terrains, lesquels furent acquis du Ministère de l’Environnement de cette époque, avait installé une descente en ciment pour les embarcations, service très apprécié par ces derniers, et aussi, il avait fait creuser deux étangs, entre la « grande anse » et la « petite rivière », ce afin d’élever une cinquantaine de canards, majoritairement des Canards colverts; ces surfaces d’eau artificielles étaient entourées de « broche à poule », afin d’empêcher la perte des oiseaux aquatiques.

Surtout au printemps, plusieurs familles se rassemblaient à cet endroit pour pêcher la fameuse barbotte tant attendue depuis la fin de l’hiver; parfois, une perchaude, une barbue ou une anguille se laissait tenter en venant prendre un ver et en bout de ligne, l’un de ces spécimens se voyait sortir de l’eau. Ça mordait énormément, devenant la place idéale à se rendre la fin de semaine, d’autant plus que ça faisait aussi du poisson à manger pour le vendredi, car c’était péché que de manger de la viande en cette journée! Autres temps, autres mœurs.

Lors de l’expropriation, tous les chalets après celui de M. Fernand Sylvestre, soit à partir du cul-de-sac, ont disparu avec la construction de l’autoroute, ainsi que toute une façon de vivre très agréable par plusieurs citoyens, lors de la période estivale, avec des activités de plein air des plus saines pour la santé; au moins un des chalets a été brûlé par le propriétaire et quelques autres, établis ailleurs, dont un à la partie ouest de la municipalité, lequel a été transformé en maison. Dans certains cas, le progrès n’est pas toujours synonyme d’un mieux-vivre pour une partie de la société, ce qui s’est justement produit dans cette situation.