LES « OISEAUX NOIRS » ET LES CERISIERS

Les « oiseaux noirs » qui se composent de Quiscales bronzés, de Quiscales rouilleux, de Carouges à épaulettes, de Vachers à tête brune et d’Étourneaux sansonnets ont une mauvaise réputation et au début des années 1990, ils n’ont sûrement pas redoré leur blason auprès d’un citoyen de la rue Saint-Joseph, à Yamachiche.

Ayant déjà remarqué la présence accrue de ces oiseaux indésirables dans les arbres de sa cour arrière, surtout dans les cerisiers d’une très bonne qualité situés à proximité de la côte de la rivière, cet homme fier voyait cette gent ailée se rassasier des cerises, souvent même pas encore mûres. Cette situation durait deux ou trois jours, soit le temps nécessaire de vider complètement les arbres fruitiers, pour ensuite, les voir disparaître jusqu’à l’année suivante; un fervent amateur de fruits sauvages, cet ami de mon père rageait à chaque fois et menaçait même de couper ses cerisiers si ça devait se reproduire dans la prochaine année.

Ce qui devait arriver arriva et voici ci-dessous comment ça s’est produit.

Un an après cette fameuse menace, l’ami d’enfance de mes parents se présente chez-nous et durant la discussion, il nous informe que cette année est une des meilleures pour la pousse des cerises et en plus, elles sont nombreuses, grosses et d’une très bonne qualité : il est très content de pouvoir enfin en profiter dès les jours suivants, car elles sont presque mûres. Croyant être libéré des oiseaux frugivores en cette année des plus productives, il peut enfin dormir sur ses deux oreilles et ainsi, faire de beaux rêves; dès le lendemain matin, s’il avait fait ces dits rêves, il les oublie subito presto, car le cauchemar est directement devant ses yeux lorsqu’il regarde à la fenêtre pour apercevoir une horde d’envahisseurs noirs ailés, lesquels s’acharnent sur les cerises tellement désirées de sa part, mais qui, actuellement, disparaissent à la vitesse de l’éclair dans le gosier de chacun de ces « oiseaux noirs ».

Dans l’après-midi de cette triste journée pour lui, il entre à la maison en pestant avec rage contre ces « becs fins », friands des délicieux petits fruits rouges et il jure par tous les saints que ça ne surviendra plus, car il va prendre les grands moyens en disant ceci : « si je ne peux plus manger de cerises, les oiseaux n’en mangeront plus, eux aussi, parce que je vais couper tous les cerisiers ». Ma mère, pas trop certaine qu’il va passer des paroles aux actes, le laisse partir, après l’avoir laissé évacuer sa frustration.

Et, effectivement, il avait agi, car le lendemain, dans sa visite journalière à la maison familiale, notre homme nous annonce que tous les cerisiers sont couchés dans le flanc de la côte, près de la rivière, et que le problème est définitivement réglé; il semble vraiment soulagé. Il fallait qu’il soit réellement rendu à bout de nerfs pour agir de cette façon, mais, en même temps, un peu facile à expliquer et à comprendre devant son tempérament orgueilleux et parfois impulsif, comme dans ce cas très particulier.