LA BELLE DE LA NUIT

En ce 27 février 2009, je me rends vers le cul-de-sac de la rue Gérin-Lajoie et ce, afin de tenter de trouver quelques Becs-croisés bifasciés, ce qui est fait assez rapidement dans les mélèzes à proximité du chemin. Après cet intéressant recensement aviaire, je ne sais plus où me rendre, car la météo a annoncé de la pluie pour toute la journée et déjà, quelques gouttelettes me tombent dessus, ce qui est un mauvais présage pour les prochaines minutes.

Tout en revenant vers la maison, je passe devant un champ où le propriétaire a tracé un chemin avec sa souffleuse à neige afin de se rendre un peu plus tard à son érablière, lequel chemin je décide d’emprunter pour tenter de repérer le Grand-duc d’Amérique qui se promène dans les parages; peine perdue, car il n’y a pas l’ombre d’une plume de cet impressionnant spécimen. Alors, je me résigne à retourner chez moi, avec encore les petites gouttes de pluie qui descendent des nuages, ce qui n’est pas tellement dérangeant pour le moment.

Arrivé à mon domicile et après m’être désaltéré, j’ai la curiosité de me rendre à la côte de la rivière, laquelle rivière passe à l’arrière de mon terrain, pour évaluer la possibilité d’emprunter cette route de glace, en autant que sa surface ne soit pas occupée par l’eau; effectivement, l’eau n’est pas présente et je prends le risque calculé de me diriger vers l’embouchure de la Petite rivière Yamachiche et ce, afin de chercher la Chouette rayée, espèce non recensée en 2009. Dans une marche rapide (car je sais que la pluie abondante prévue va incessamment apparaître), je dépasse les deux ponts de l’autoroute 40 et à ce moment, je réalise que mes chances d’observer l’oiseau convoité (ou même tout autre) sont presque nulles, mais je poursuis mon itinéraire.

À peine deux cent mètres plus loin et ce, à la rive est, j’aperçois une masse sur une branche basse d’un érable et c’est assurément un oiseau; immédiatement je lève mes jumelles pour y voir une jolie Petite Nycale, laquelle a les yeux mi-clos, semblant dormir dans cette température humide et dans laquelle la pluie augmente peu à peu au fil des minutes qui passent. Je suis tellement excité de cette trouvaille que je me fiche de me faire tremper et je continue jusqu’à l’embouchure de la rivière et ce, dans l’espoir de croiser la fameuse Chouette rayée, car la chance semble m’accompagner en ce jour maussade : mais je reviens bredouille pour ce spécimen, lequel ne signale pas sa présence.

Le retour s’effectue à une allure accélérée, car la pluie s’intensifie et je commence à être mouillé, ce qui est un peu inconfortable. Même si la journée est morne, je me félicite d’avoir défié les éléments, décision qui m’a permis l’observation de cette Petite Nyctale, une beauté de nos boisés qui est la discrétion même dans le jour, car c’est à cette période que cette efficace chasseuse de petits rongeurs se repose pour mieux s’activer à l’arrivée de la nuit. Cette espèce de chouette se camoufle tellement bien le jour que la précédente observation de celle-ci remonte au 1 mars 1993, soit seize longues années d’attente, ce qui est vraiment un peu trop long!