LE PÈRE LAMIRANDE

Il y a le légendaire Père Noël et le Bonhomme Carnaval, notamment, comme personnages célèbres, mais celui qui nous intéresse dans les lignes qui vont suivre, même s’il n’a pas eu la même notoriété des deux premiers, mérite à ne pas tomber dans l’anonymat, d’autant plus qu’il a réellement existé et ce, à Yamachiche; cet intéressant personnage répondait au Père Lamirande pour les uns et, affectueusement, au Bonhomme Lamirande pour les autres, car son prénom Joseph était aussi celui de l’un de ses quatre garçons. Ceux-ci s’appelaient Antonio, Joseph, Henri et Donat, lesquels ont tous fait la pêche commerciale, surtout Antonio et Joseph qui ont œuvré toute leur vie dans ce domaine; en plus de ses fils, le Père Lamirande a élevé avec son épouse Laura Milette, sept filles, pour un total de onze enfants.

Né le 23 juin 1887, le Père (Joseph) Lamirande a pratiqué plusieurs métiers avant de devenir définitivement un pêcheur commercial et ce, jusqu’à sa retraite; bûcheron, vendeur de blocs de glace et travailleur sur la ferme font partie des travaux effectués avant la pêche. Jusqu’à l’âge de 75 ans, il a lui-même capturé son poisson au lac Saint-Pierre avec, principalement, son fils Joseph, et les marchés publics de la région servaient d’endroits pour la vente de ce dernier (poisson).

Le Bonhomme Lamirande, comme certains aimaient le surnommer, était un individu très tranquille et extrêmement travaillant tout en ayant une très grande sagesse, et il adorait, de temps en temps, s’amuser au dépend des autres (surtout les plus jeunes) en leur jouant des tours, mais ce, sans méchanceté; au contraire, pince-sans-rire, il aimait particulièrement impressionner un jeune pêcheur qui l’accompagnait à récolter des alevins à la seine en lui montrant comment le poisson était excellent pour la santé et ce, même cru : sans tarder, il attrapait un de ces petits poissons vivants et en prenait une bonne bouchée tout en la mâchant et l’avalant presque aussitôt, avec appétit. Il réussissait, à tout coup, à figer l’apprenti pêcheur sur place, devenant par le fait même pour ce dernier, son initiation au métier; d’ailleurs, plusieurs d’entre eux ont appris plusieurs trucs de pêche commerciale du jovial Père Lamirande.

Le Père Lamirande n’avait pas froid aux yeux, ni ailleurs, car, l’eau des étangs à l’automne est toujours froide mais pour lui, ça ne le dérangeait nullement en continuant quand même à cette période de l’année à ramasser ses poissons-appâts à la seine, nu-jambes, soit en caleçon; il a toujours été en excellente santé, ce qui lui a permis de demeurer dans sa maison jusqu’à l’âge de 98 ans.

Il fêta ses 100 ans au Foyer Ernest-Jacob de Yamachiche, le 14 juin 1987, et il décéda à cet endroit, l'année suivante. Tous ceux qui l’ont côtoyé et l’ont connu ne pourront jamais l’oublier, surtout que le Père Lamirande s’occupait aussi très activement de politique (surtout pour le parti libéral), augmentant ainsi sa notoriété dans la municipalité et la région. Ce personnage du vingtième siècle a été très représentatif de la mentalité de cette époque où la tranquillité et la vie modeste régnaient et dont le but principal de chaque chef de famille était de rendre heureux chacun de ses membres, sans plus, ce qui devenait un exploit en soi, considérant le manque de mécanisation et le manque d’instruction dans les débuts de ce siècle; c’est tout à l’honneur du Père Joseph Lamirande et de tous les autres pères de famille de cette époque.