TRISTE FIN

 

En effectuant du ménage au deuxième étage de l’agrandissement à la maison de ma mère, en juillet 1995 et ce, dans une chaleur accablante, au début du ramassage des objets à envoyer aux ordures, dans une boîte de carton presque vide, deux ailes d’un oiseau avec quelques plumes s’y trouvent et je crois reconnaître les restes d’un Merle d’Amérique.

En continuant le remisage et le balayage, il me reste seulement un coin à nettoyer et en enlevant les articles un à un, je tombe sur un Merle d’Amérique femelle, mort et desséché, encore intact dans ses couleurs et surtout dans son apparence avec les yeux fermés; donc, l’autre individu en est sûrement un et probablement un mâle, selon une certaine logique. En terminant mon travail, je trouve l’endroit où ils ont réussi à entrer, soit par en-dessous de l’avant-toit non recouvert, et je m’imagine le scénario suivant qui les a conduit vers la mort :

Voulant se mettre à l’abri et surtout se trouver une place afin de nicher, ils ont fait irruption dans ce grenier mais sans être dans la possibilité de repérer la sortie; après plusieurs tentatives, probablement pris de panique et à bout de force, le merle mâle a dû trépasser le premier et comme il ne reste que les ailes, la femelle a dû se résigner à se nourrir de la dépouille de celui-ci, pour, elle aussi, à plus ou moins brève échéance, mourir de faim dans une chaleur torride et suffocante en ce lieu fermé par une trappe et ce, en tout temps (ce qui a rendu insoupçonnable la présence de ce couple). Cruelle comme fin, mais ce sont les risques de la vie.

 

 

 

 

L’ENTÊTÉ

Paisiblement installé près de la rivière, les pieds posés sur ma table de fortune, soit une bobine de fil électrique, pouvant même entendre voler une mouche tellement je suis dans un calme désarmant, un premier bruit sec et non identifié rompt cette sérénité du moment; je ne m’attarde pas à cette alerte initiale, mais après plusieurs sons à intervalles assez réguliers, je me lève avec mes jumelles afin de savoir ce qui en est.

Mes yeux détectent un Martin-pêcheur d’Amérique, la tête encore toute ébouriffée et mouillée, s’affairant à frapper de son bec la branche de l’arbre sur lequel il est perché et ce, au-dessus de l’eau; ce geste répétitif a comme unique but de briser les ardillons à l’arrière de la tête d’une petite barbotte, déjà toute ensanglantée, et ce, afin de l’avaler plus facilement la tête première et ainsi, ne pas se piquer inutilement. Après une autre série de coups opiniâtres de bec, il réussit enfin par un mouvement rapide à engloutir le poisson dans sa gorge : quel entêtement quand même!, des aspirines avec ça?