OISEAUX ALBINOS

 

Il y a de tout dans le monde des oiseaux et parfois, un observateur a la chance d’observer un spécimen très partiellement albinos, soit blanc à une partie de son corps comme à l’aile, à la queue ou à la tête, notamment. Un autre ornithologue encore plus chanceux peut, à son tour, repérer un bizarre cas d’albinisme et c’est précisément ce qui m’arrive à un printemps du début des années 2000 par la découverte d’une drôle de paruline. Cette dernière a la moitié du corps (de la queue jusqu’à son centre) d’une blancheur immaculée comme si elle avait été saucée dans du chocolat blanc et le reste (jusqu’à la tête ) étant intact et correspondant en tout point à une Paruline à croupion jaune; comme cas d’albinisme partiel, c’est vraiment spécial et très inhabituel. À noter que l’albinisme est une anomalie congénitale de la peau et des plumes, consistant à la diminution et même à l’absence de la pigmentation tout en rendant les yeux rougeâtres.

Les oiseaux partiellement albinos se retrouvent dans toutes les espèces et assez régulièrement comme chez le Vacher à tête brune et le Merle d’Amérique, mais pour l’albinisme presque complet, c’est beaucoup moins fréquent. J’ai eu tout de même l’opportunité de recenser trois individus aviaires très intéressants et je vous les livre immédiatement.

La première trouvaille se produit le 9 avril 2002, à la pointe Yamachiche, lorsque je vois descendre du ciel, quelques centaines de Bernaches du Canada, lesquelles se posent sur les eaux du lac St-Pierre et que je remarque, à la traîne, un autre volatile faire le même rituel, mais en retrait du groupe de bernaches et en s’isolant d’elles; il est d’un blanc terne (presque sale) avec seulement du gris au masque facial, lequel est normalement noir : extrêmement saisissant comme image en voyant cette Bernache du Canada presque totalement albinos.

Le cas le plus spectaculaire se présente le 16 mai 2007, à la Petite rivière Yamachiche, et c’est un splendide Grand Héron, majoritairement blanc, avec la bordure des ailes de couleur caramel et avec la bande au-dessus des yeux de la même teinte (cette dernière étant habituellement noire); réellement impressionnant lorsque le Grand Héron prend sa pose immobile de patient pêcheur. Aussi admiré le 17 mai, c’est le 18 qu’il offre le plus beau déploiement de sa beauté lorsqu’il s’élance dans l’espace en ouvrant ses ailes pour ainsi laisser mes yeux se délecter des dessins stylisés caramélisés sur ces amples et souples ailes et ce, dans un vol plané en arc qui se termine par un atterrissage en douceur : unique et inoubliable!

Le troisième sujet dans les oiseaux, en grande partie albinos, est découvert le 6 août 2007, encore à la Petite rivière Yamachiche, et il est impossible à rater, car il contraste tellement avec les autres membres de sa famille; en effet, c’est une Hirondelle bicolore, laquelle se trouve posée sur une branche desséchée d’un jeune saule, avec ses consoeurs. Cette hirondelle, en presque totalité blanc neige, possède seulement un peu de gris sur les ailes, lequel gris est aussi à peine visible sur le dessus de la tête; elle semble plus petite parmi ses congénères, mais tellement magnifique, malgré sa possible vulnérabilité.

C’est dans des circonstances comme celles qui vous ont été décrites que chaque ornithologue amateur se considère privilégié de pratiquer un tel loisir et il n’en demande sûrement pas plus lorsque ça lui arrive.