CHAROGNE DEMANDÉE

En cette journée d’août, immédiatement après le dîner et ce, à la pointe Yamachiche, je suis en compagnie d’un jeune observateur d’oiseaux et nous cherchons des bécasseaux sur les rives du lac St-Pierre, en particulier le Bécasseau de Baird; cette période du jour est très chaude, mais les vents légers rafraîchissent quelque peu (une mince consolation). Ça n’empêche nullement la pratique de notre passe-temps, concentrés sur nos cibles, soit les limicoles. De temps à autre, je surveille l’extrémité de la « petite baie » afin d’entrevoir la silhouette de la Grande Aigrette, mais pas le moindre signe de sa présence dans les alentours pour le moment; alors, j’oriente mes jumelles vers le ciel, au bout de l’anse où je découvre quatre rapaces noirs au-dessus du boisé et un autre, plus à l’écart et à l’arrière, plus haut.

Après avoir épié leur lourd vol circulaire, tout en m’assurant de l’apparence noirâtre du dessous des ailes et du corps, je conclu que cette espèce est un charognard du nom d'Urubu à tête rouge; au nombre de cinq individus, leur spirale ascendante s’agrandit tout en s’éloignant, très probablement à la recherche de leur pitance journalière. Mais pour être encore plus certain, je regarde dans la lunette d’approche de mon ami et effectivement, ça certifie ma première évaluation; après cette confirmation, nous continuons notre repérage sur les rives environnantes et sur les eaux du lac.

 

 

 

VOYEUR?

En une fin d’après-midi de printemps et ce, par une température devenant un peu froide avec le coucher du soleil, malgré les rayons assez puissants encore présents, je m’approche de la Grande rivière Yamachiche où la plage est pratiquement inondée, avec seulement quelques mètres à découvert.

En avançant, je remarque un jeune couple d’amoureux, assis près de l’eau et l’un contre l’autre, se réchauffant et se protégeant du léger mais frisquet vent; alors, je tourne vers le lac lui-même et à l’instant, je repère deux oies ou bernaches à la fin de leur atterrissage et lesquelles sont non identifiées, résultat des reflets aveuglants du disque orangé. Afin de recenser ces deux oiseaux migrateurs, je suis dans l’obligation de me diriger vers le large et de décrire un demi-cercle pour accoster la chaloupe et aussi, je dois me hâter, car j’ai peur qu’ils s’envolent d’un instant à l’autre. Ayant réussi l’opération, je me glisse le long des branches des arbustes de la plage et j’ai les deux Bernaches cravants dans ma mire, ce dont je croyais être précédemment.

Dans toute cette fébrile activité, j’oublie que de l’autre côté de la rivière, il y a un couple et ça ne prend pas de temps pour que je le sache, car le garçon se lève et me demande ce que je fais là; il semble très offusqué de ma présence mais, je ne réplique pas pour éventuellement me retirer de ce site, cinq minutes plus tard. Pendant ce temps, voyant mon indifférence, il s’est calmé, comprenant que j’observe les oiseaux et non leurs deux jeunes corps, tel un voyeur invétéré.