LA VISITE DES FÊTES

Pendant la période des Fêtes, c’est le temps de recevoir la visite et lorsque cette visite correspond à des oiseaux, la famille des ornithologues amateurs est prête à l’accueillir à bras ouverts. C’est en effet le cas en ce début de 2009, soit en ce matin du 2 janvier avec l’arrivée imprévue mais très appréciée d’une famille élargie et de leurs proches de trente-huit Becs-croisés bifasciés, au bout de la rue Gérin-Lajoie, à Yamachiche et ce, en compagnie de plus de quarante Sizerins flammés et d’un Sizerin blanchâtre, lesquels viennent aussi fêter aux bouleaux du cul-de-sac de cette rue; accompagné d’un ami observateur d’oiseaux, nous sommes très contents de recevoir toute cette visite et nous devons bien gérer la joie qui nous envahit en les mettant à l’aise par notre présence respectueuse. Dès le 5, quatorze autres membres de cette grande famille de becs-croisés s’intègrent facilement au groupe, passant maintenant à cinquante-deux fêtards.

Comme des boules de Noël vivantes de forme oblongue, les « bifasciés » sont habillés de rouge, de rose, de vert, d’olive, de jaune, de vert strié de noir pour les jeunes et même d’orange saumon pour un individu excentrique, sans oublier les deux voyantes bandes blanches à chaque aile qui donnent un cachet spécial à chacun; cette magie colorée chantonne de mélodieux airs, uniques à l’espèce, dans la gaieté qui les anime continuellement. Ces convives particuliers viennent se délecter à la table bien remplie de nourriture des trente-sept mélèzes de la Gérin-Lajoie en décortiquant chacun des innombrables cônes, leur mets préféré, pour s’en rassasier à volonté; de temps à autre, avant d’avoir des malaises et pour mieux digérer, ces becs-croisés descendent sur le chemin afin de manger des grains de sable, leur dessert favori; ce dessert est en abondance au pied des épinettes rouges et des bouleaux, une gracieuseté de la municipalité, et représente un merveilleux cadeau pour leurs étrennes en cette nouvelle année et c’est pourquoi ils traînent, traînent et traînent encore jusqu’au moins le 26 à ce lieu très accueillant et très généreux en bouffe.

En plus, ces beautés du monde des oiseaux n’ont pas besoin de se croiser les doigts de patte pour attirer la chance sur eux, car leur bec l’est déjà! À l’occasion, ces bons vivants de la gent ailée fréquentent les érables du coin, mais retournent assez rapidement à leurs mélèzes, beaucoup plus à l’aise dans ceux-ci, et ce, après leurs brèves et sporadiques visites de courtoisie chez les premiers. Parfois, ils côtoient quelques Durbecs des sapins, une autre compagnie intéressante, ce qui ajoute encore un peu plus d’ambiance dans les « tamaracs », soit les mélèzes; les Mésanges à tête noire, les Sittelles à poitrine blanche, les Pics mineurs et les Pics chevelus festoient avec ces Becs-croisés bifasciés en se déplaçant tous sur les branches des arbres comme dans une danse en ligne ou dans une farandole échevelée : vive le temps des Fêtes!

Jamais cette rare visite aviaire n’est demeuré aussi longtemps dans mon secteur et en un si grand nombre, ce qui me ravi totalement.