LES LÉGIONNAIRES QUÉBÉCOIS

 

                                                                                        

            Après le repas du midi d’une journée de tempête hivernale, avec neige abondante et rafales continuelles, je m’installe à la fenêtre pour une période d’observation des oiseaux aux mangeoires. Les espèces habituelles comme la Sittelle à poitrine blanche, la Mésange à tête noire et le Moineau domestique, entre autres, défilent tour à tour dans un va-et-vient incessant, comme les autres jours; rien de nouveau mais toujours très captivant devant une telle activité ailée.

 

             Cette certaine routine se brise soudainement par l’apparition de sept oiseaux qui me sont inconnus sur le moment, lesquels avancent avec peine dans la neige jusqu’à mi-corps, à la queue leu-leu, face à une poudrerie insistante; l’émerveillement m’envahit et mes yeux accompagnent ces légionnaires de la neige (version québécoise des légionnaires du désert) jusqu’au-dessous des mangeoires où ces valeureuses Perdrix grises s’arrêtent pour faire le plein d’énergie avec du maïs cassé.

             

              Cette scène va demeurer une des plus précieuses et émouvantes pour moi car elle est la première pour cette espèce impressionnante du monde des phasianidés.

 

 

 

VISITEUSE DES ÉTATS-UNIS

 

 

              Un certain 15 décembre 1993, les oiseaux passent régulièrement aux mangeoires en fin d’après-midi et, en suivant une Mésange à tête noire avec mes jumelles, la silhouette d’un oiseau croise la route de cette dernière à l’orée du sous-bois, recouvert d’une mince couche de neige mouillée; j’ajuste mes lentilles et je retrouve aussitôt ce petit volatile qui se pose sur une des tiges des herbes desséchées, à la recherche d’un possible petit casse-croûte. Après une étude exhaustive, avec la collaboration de mon guide d’identification des oiseaux, je constate que la présence d’une Mésange à dos marron est une certitude et surtout, un privilège exceptionnel auquel j’ai droit ; quelle sensation merveilleuse!

 

               Dès le lendemain, elle semble avoir déserté le coin et la routine recommence. Mais, quatre jours après la première visite, elle réapparaît à mon grand bonheur et ce, à la même période de la journée, soit avant le coucher du soleil; comme à son autre incursion, elle demeure à la lisière du boisé, dans les brindilles de foin sans venir, même une seule fois, aux mangeoires, un comportement peut-être exclusif à cette espèce. Après cette seconde apparition, je ne l’ai jamais revue et c’est dommage.