Un 23 septembre 2002 inoubliable

 

Article de Michel Bourassa

 

Vers 14h00, après un repas à la hâte, je ramasse mon outil de loisirs afin d'observer les oiseaux de mon coin et je serpente, avec mon embarcation-moteur, la rivière me conduisant au lac Saint-Pierre tout en passant dessous les deux ponts de l'autoroute 40. Dès le dépassement du second pont, machinalement, je regarde le faîte de quelques arbres desséchés où, habituellement, un Pioui de l'Est ( parfois deux et même trois ) se pose. En effet, il y en a au moins un mais en ralentissant mon allure, je remarque que ce pioui a une apparence un peu différente et pour cause car, en fixant mes jumelles sur lui, je suis abasourdi en identifiant, subito presto, un Tyran de l'Ouest, possédant deux de ses principales caractéristiques, soit la pâle tête arrondie et l'étroite ligne blanche bien marquée de chaque côté de la queue; la seule question que je me pose est le jaune très peu visible de son ventre mais la réponse est vite donnée par mon Guide d'identification car c'est un juvénile. C'est une première, soit un "lifer", et je m'en réjouis.

 

Moins d'une heure plus tard dans le même secteur, à l'autre versant de la rivière, je m'évertue à fouiller un bosquet dans lequel les parulines, les viréos, les bruants, les moucherolles, les mésanges et quelques autres espèces d'oiseaux se réfugient et surtout, se nourrissent; c'est d'ailleurs dans celui-ci que l'an dernier se cachait un Viréo de Bell: je pousse ma chance au cas où il serait encore au rendez-vous mais je rêve sûrement en couleur !

 

Au départ, une consolation s'offre à moi avec une fébrile activité causée par justement les espèces mentionnées ci-haut et je m'entête à mettre un nom sur chacune d'elles dès leur présence devant mes loupes; tout à coup, près du sol, sautillant d'une tige à l'autre du buisson, un petit membre de la gent ailée, noirâtre, attire mon attention car ce n'est pas une paruline, ni mon Viréo de Bell de l'année passée, mais je le vois très mal avec le feuillage encore à la cime, causant beaucoup d'ombre.

 

Déjà à genoux depuis un bon dix minutes, suppliant presque l'oiselet en question à s'avancer dans un endroit plus éclairé, je réussis enfin à le voir de côté et à remarquer des taches noires à la poitrine: vraiment intrigant ! Soudain, il est presque face à moi et, la tête entre les branches, presque "à quatre pattes ", je capte un indice intéressant, soit une plaque jaunâtre au ventre et alors, je sais que je vais pouvoir l'identifier tout en me précipitant chez-moi. Une recherche rapide dans mon Guide me réserve une seconde première en moins de cent minutes, soit un Moucherolle vermillon juvénile: quel après-midi d'observation !