LE CANARD HYPOCRITE

 

Aujourd’hui, en ce 17 décembre 2002 et au milieu de l’après-midi, je me situe à l’embouchure de la Petite rivière Yamachiche, en avant du lac Saint-Pierre, sur lequel  une centaine de Bernaches du Canada flottent; aussi, un peu moins de cent Bruants des neiges le survolent, ce qui correspond à pratiquement la seule vie existant sur les lieux en ce moment.

Même si la température est clémente, j’opte pour le retour à la maison en longeant le canal qui conduit à la rivière, sur la côte à l’est; comme il y a déjà de la neige au sol et qu’une partie de ce canal est encore en eau libre, j’examine soigneusement cet endroit, susceptible d’abriter un quelconque oiseau. Dans la blancheur immaculée de la rive ouest et à proximité d’un petit monticule enneigé, entouré  de quelques brins d’herbes séchées, je repère un canard couché sur la neige, avec la tête allongée et déposée au sol, tout en ayant le bec appuyé à la base du monticule et ayant les yeux presque fermés; j’en conclus qu’il est mort et je poursuis ma route, tout en ayant pris le temps de l’identifier comme un Petit Fuligule.

Environ dix mètres plus loin, machinalement, je me retourne pour regarder ce fuligule une dernière fois et qu’elle n’est pas ma surprise que de le voir  avec la tête relevée et me regardant! Dès lors, je rebrousse chemin en m’avançant vers lui et aux premiers pas, il reprend sa position initiale, soit celle du canard mort, tout en prenant la précaution de fermer les yeux : quel canard hypocrite!, il est un excellent acteur. Situé à l’autre rive, je demeure quelques minutes en face du Petit Fuligule et celui-ci demeure immobile pendant tout ce temps, en entrouvrant l’œil occasionnellement.

Je quitte afin de ne plus l’importuner et je ne peux m’empêcher de trouver très amusant et drôle ce comportement aviaire très spécial.