Les  P’tites vites 9

 

AMERRISSAGE RÉUSSI

 

À l’affût depuis un temps appréciable, je dénombre quelques espèces  comme le Bécasseau semi-palmé, le Bécasseau minuscule, le Pluvier semipalmé, le Pluvier kildir, le Goéland argenté et le Goéland marin, pour ne nommer que ceux-là. Ma position est idéale, soit à environ quinze mètres de l’eau, sur la grève et en avant des buissons, déjà garnis d’un tendre et clairsemé feuillage.

Dans le calme des lieux, un amerrissage, en une glissade plus ou moins allongée, accompagné de cris de canard, s’effectue parfaitement derrière moi et d’un pivot rapide, à moitié caché par les arbustes, j’ai l’immense plaisir d’avoir en face, la présence d’une Sarcelle à ailes bleues mâle dans toute sa livrée nuptiale. Du fait que cette sarcelle ne peut pratiquement pas me voir, j’ai le loisir de l’admirer aussi longtemps que je le veux, en autant qu’elle désire demeurer sur place; elle patauge et nage lentement en jasant et en se nourrissant. Il est peu fréquent d’être aussi près et j’en profite pleinement.

 

BONNE DÉCISION

 

Avant de me rendre au travail à la poissonnerie, il me reste une vingtaine de minutes et je prends l’initiative de scruter les alentours de mon domicile, à la recherche de quelques spécimens, en ce premier jour de mai. La période des parulines, n’étant pas encore arrivée, les quelques bruants présents me divertissent dans l’attente de jours meilleurs; tout près de l’eau, dans l’éclaircie entre les arbres légèrement habillés de leurs feuilles, les dernières minutes s’écoulent et en jetant un regard vers le ciel, surgit une buse, presque entièrement blanche, à peine teintée de roux à la tête, au corps et au-dessous des ailes.

Ce passage aérien, même en vol plané, est trop court pour m’assurer si c’est un mâle ou une immature, mais je distingue clairement, malgré le soleil brillant, une Buse rouilleuse, visiteuse très exceptionnelle dans la région de la Mauricie; mon flair m’a bien servi en cette occasion unique.

 

PÊCHEUR SUR LA GLACE

 

À la sortie de l’embouchure de la Petite rivière Yamachiche, en plein mois de janvier et par un bel après-midi ensoleillé, je reconnais le véhicule d’un ami qui pêche à la perchaude, sur le lac Saint-Pierre, avec des brimbales, à environ deux cents mètres ; alors, je m’apprête à le visiter en avançant dans la neige molle, sous laquelle une mince couche d’eau mouille la surface glacée.

À peine parti vers la cabane à pêche de mon copain, qu’un vol de goéland traverse ma route, lequel n’est pas immédiatement identifié, dû aux rayons aveuglants du soleil mais, dans les quelques instants suivants, c’est fait par mes jumelles, dans lesquelles un Goéland arctique apparaît. Il fait la tournée des trous percés par les pêcheurs sportifs, en espérant gober des poissons-appâts rejetés ou tout simplement échappés et perdus dans la neige; ce pêcheur ailé est vraiment un spécialiste en la matière.