LA
CHARMANTE AVOCETTE
Déjà
sur place depuis plus de dix minutes en ce samedi 31 juillet 1999, dans
une chaleur d’après-midi d’été, je scrute les environs de la rivière, de l’anse
et du lac Saint-Pierre, à la pointe Yamachiche; en
levant les jumelles, au-dessus des arbres du fond de la baie, j’y découvre deux
oiseaux échassiers d’un plumage marron, lesquels longent la lisière boisée tout
en effectuant leur descente vers une ouverture dans les joncs, à l’extrémité de
cette dite baie, près de l’autre rivière. Ces échassiers au long bec courbé et
aux longues pattes se nomment Ibis falcinelles et je
suis très heureux de cette visite.
Ayant remarqué la présence de deux autos à
mon arrivée, je sais que deux observateurs assidus ont traversé la rivière pour
du repérage le long de la plage du lac et j’ai hâte de leur annoncer la
nouvelle; à leur retour lors des quinze minutes suivantes, je vais à leur
rencontre et je leur signale cette fameuse observation pour me faire dire
qu’ils ont vu un oiseau encore plus rare et, anxieux de savoir lequel et où,
j’obtient rapidement la réponse : c’est une Avocette
d’Amérique!
Les deux ornithologues amateurs, l’ayant
admirée au moins trente minutes sans qu’elle change d’endroit, je sais que j’ai
de fortes chances de la voir à mon tour et je me précipite à mon vélo pour m’y
rendre par la route, connaissant un raccourci et en moins de cinq minutes, je
suis sur place, tout excité et, ils avaient raison car, dès que je rive mes
7X35 vers l’eau de la plage, j’aperçois cette beauté sur deux longues pattes
grises, laquelle, avec le long bec retroussé, la tête et le cou roux ainsi que
les ailes noires traversées de blanc, se promène lentement dans la vase,
cherchant sa pitance journalière.
Le lendemain, dimanche, plusieurs
ornithologues amateurs de la région de Montréal ainsi que de la Mauricie, accourent
afin d’ajouter à leur liste cette rarissime visite mais l’avocette a abandonné
les lieux et il faut probablement l’oublier à jamais.
Le lundi, avant le souper, je me rends à
mon travail de pêcheur commercial par l’autre rivière avec ma barque et comme
je m’apprête à sortir du canal, à pied tout en tirant la chaloupe afin
d’atteindre le lac, oh surprise!, la charmante Avocette d’Amérique est à dix
mètres, près de la rive, et s’éloigne en marchant calmement; elle est donc
rendue ici.
Elle est demeurée à cet endroit encore huit
jours, à mon grand bonheur mais, je regrette seulement une chose, que d’autres
observateurs n’aient pu la voir, dû à l’inaccessibilité des lieux.