LE
TEMPS DES SUCRES
Texte de Sources :
Gilles Isabelle, Michel Désilets, Jean-Marc Bellemare, Michel
Desaulniers et souvenirs personnels. Photos :
Spotted Yamachiche 2.0, collection André Desaulniers, collection Blanche
Allary, collection Normand J.-O. Bellemare et journal Le Nouvelliste.
Photo : Avril 1929, Arthur Boucher et
Véronique St-Onge à leur cabane à sucre, au rang Petite-Rivière-Nord de
Yamachiche. Il faut remarquer que l’eau de cette chaudière en bois était
vidée dans un grand tonneau, lequel reposait sur un traîneau à patins
tiré par traction animale.
Georges
Milot et Émile Bellemare furent d’autres producteurs de sirop à la
manière artisanale pour leur propre consommation, sans nécessairement
être pour la vente.
Photo : Journée à la cabane à sucre chez les Lapointe,
Yamachiche, en 1957.
Aujourd’hui, même si les plus
importants producteurs de sirop d’érable du Québec sont installés sur
tubulures, plusieurs plus petits continuent sur le système artisanal,
soit en ramassant l’eau avec des chaudières et en tracteur avec un
réservoir métallique pour l’eau.
1957, Photo: Employés de Thomas
Bellemare à la cabane à sucre.
À la décennie 1960, entre
autres, Gaston Houle organisait des sorties à la cabane dans son
érablière du chemin Grande-Rivière-Nord et sa clientèle appréciait
particulièrement ses fameuses crêpes dans le sirop, lesquelles étaient
préparées par son épouse avec une recette leur donnant un goût unique
des plus savoureux.
Photo : Cabane à sucre de Léon Girardin.
Dans les années 1970 et 1980,
de concert avec Thomas Bellemare (propriétaire de la cabane à sucre),
Alphonse Doyon, garagiste bien connu de Yamachiche, passait ses journées
du temps des sucres à la cabane sur le bord du lac Saint-Pierre, soit au
chemin des Bellemare (avant la tranchée Des Sables), ce qui représentait
des vacances pour lui; ces deux copains faisaient « bouillir » une bonne
partie de chacune des nuits de cette période afin de recueillir le fruit
de leurs efforts au petit jour, soit le sirop tant convoité. Alphonse
aimait tellement cette activité printanière qu’à une de ces années, il
avait fait croire à son médecin qu’il ne pouvait pas se faire opérer
pour un malaise quelconque, car il devait faire un voyage dans le Sud
prévu à la même date, lequel devait durer un mois. De retour chez son
médecin, celui-ci lui demanda s’il avait fait un bon voyage et M.
Alphonse lui rétorqua que c’était dans le sud de Yamachiche à son
érablière et non dans les pays chauds! M. Doyon produisait assez de
sirop pour sa famille et ses amis. À son décès, son fils Gérard a pris
la relève jusqu’au moins les premières années de ce présent millénaire,
ce sur tubulures dans les dernières saisons printanières.
Un autre producteur de sirop
œuvra à chaque année ou presque et il répond à Jacques Bergeron, aidé de
sa famille lors des jours où l’eau coule le plus, car il faut la
ramasser sur un terrain accidenté et ensuite, la faire bouillir. Cette
tradition familiale s’est maintenue pendant plusieurs année, ce jusqu’à
tout récemment, soit 2016. Les quelques centaines d’entailles se
faisaient aux érables situés dans l’ancien passage de la Petite rivière
Yamachiche, lequel longe la dernière partie de la rue Gérin-Lajoie
jusqu’au cul-de-sac pour ensuite continuer vers la rivière, ce parallèle
à l’autoroute 40.
En
1995 et ce, pendant au moins 10 ans, même s’il n’avait pas une
érablière, un producteur de sirop d’érable a réussi à s’auto-suffire
en sirop en posant ses chaudières
sur plusieurs érables des terrains privés de la municipalité de
Yamachiche (rue Sainte-Anne, chemin des Petites-Terres, rue Conrad-Gugy,
rue Bellemare et chemin des Caron, entre autres), évidemment en
ayant eu la permission des propriétaires. En effet, à ces endroits,
Jean-Marc Bellemare a entaillé assez d’érables pour
ses 150 à 200 chaudières, et parfois plus, selon l’année. Il
ramassait son eau avec un réservoir métallique dans la boîte de son
camion et possédait chez-lui une installation de distillation pour
la fabrication de son sirop.
Dans
le passé, les entailles des premiers érables débutaient le 19 mars,
soit à la fête de Saint Joseph, date baromètre pour la plupart des
acériculteurs de Yamachiche et de la région. Dans
un article du journal Le Nouvelliste de 2016 sur un producteur de
sirop d’érable et ses produits dérivés de Grande-Rivière-Nord, soit
Jean-Pierre Clavet, on pouvait lire que celui-ci produisait Bio sur
presque à 100%, tenant même à ramasser son eau avec une « tonne »
installée sur un traîneau à patins tiré par un cheval. Son poêle à
bois était une antiquité de 1897 et il faisait bouillir son eau dans
une vieille bouilleuse à bois bien entretenue. Sa production
certifiée biologique était presque entièrement vendue à un
restaurant montréalais.
Photo Le Nouvelliste, avril 2016 : Jean-Pierre Clavet. La
réputation de Jean-Pierre Clavet n’était plus à faire, rendue
jusqu’en Europe, ayant déjà reçu des gens de la Grande-Bretagne
venus voir ses installations. Ses 600 entailles et plus ont toujours
été faites à la main, sans tubulures. Depuis quelques années, il
organise des parties de sucres dans sa bâtisse pouvant accueillir sa
clientèle régulière, laquelle est toujours bien servie. En
somme, le territoire de Yamachiche a toujours été favorable à cette
exploitation printanière et au fil des années, plusieurs citoyens
ont profité du travail de ces producteurs en consommant
régulièrement ces produits naturels comme l’eau, le réduit, le
sirop, le beurre, la tire et le sucre d’érable, tout en, plusieurs
occasions, profitant de belles journées à la cabane.
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