LE CIMETIÈRE DE YAMACHICHE
 
                                                                    Texte de Michel Bourassa
 
 
                 Sources : Livre  Yamachiche et son Histoire, (J.- Alide Pellerin), Jean Lord et André Desaulniers.
                 Photos : Yvon Masson, collection André Desaulniers et « Tu sais que tu viens de Yamachiche quand… ».
 
 
             Les débuts du présent cimetière de Yamachiche, lequel est situé au centre du village de Yamachiche et en face de la rue Sainte-Anne, soit de chaque côté de l’église et du presbytère, ont eu lieu en 1788. Mais ce cimetière ne fut pas le premier à Yamachiche, car il y en avait un dans le présent secteur du viaduc lorsque l’église située au coteau du Canton existait et passa au feu en 1780. À partir du 25 juin 1788, les sépultures furent faites au cimetière actuel, ce pendant la construction de la nouvelle église, et le transfert des corps exhumés de l’ancien cimetière (au nombre d’environ 900) fut exécuté en deux étapes, soit 3-4-5 novembre 1795, suivi d’un service funèbre, et le second, le 10 octobre 1800.
 
Le 24 juin 1804, lors d’une assemblée des marguillers, il est conclu et décrété unanimement que le cimetière sera agrandi au cours de l’été sur trois faces, soit sur le derrière et sur les deux côtés; aussi, il est décidé que la chapelle, levée temporairement, sera transportée dans un coin du cimetière et parachevée le plus tôt possible pour servir, en guise de charnier, soit pour y déposer les morts, avant leur inhumation. Cette construction a longtemps porté le nom de « Chapelle des morts de M. Griault ». Vers 1868, cette chapelle fut démolie et remplacée par un charnier. Quant à la Salle des habitants, qui porta plus longtemps de nom de Salle publique, elle fut construite en 1878, expropriée en 1977 et déménagée par Henri-P. Bellemare, l’acquéreur, ce sur la rue Sainte-Anne, à côté de sa résidence.


 La statue de Sainte-Anne, en bois doré et haute de neuf pieds, placée sous un pavillon au centre du cimetière et exposée à la vénération des fidèles, compte, en 2017, 185 ans d’existence. Elle fut érigée sur le portique de la première église du village actuel en 1832. Cette dite église fut démolie en 1869 et la statue de Sainte-Anne a été descendue et déposée temporairement à l’entrée du cimetière; huit ans plus tard, lors de la fin des travaux de la deuxième église, afin de la soustraire aux intempéries et aux entailles de couteaux des visiteurs, desquels certains emportaient souvent un morceau lors d’un pèlerinage, soit en 1877, elle fut réparée et placée sous un superbe portique, en architecture de l’ordre dorique grec, avec défense d’y toucher, cette fois; en 1886, on fut contraint de poser un grillage autour de la statue afin d’empêcher les intrus de s’en approcher. Une photographie de 1904 démontre que la statue est située à la courbe de la grande allée, en face du Calvaire. En 1909, sous l’initiative de Mgr Caron, curé, on a reculé ce pavillon d’une centaine de pieds et on l’a embelli, quoique la belle sculpture en dentelle ait été remplacée par des ampoules électriques. Au lieu d’être ajouré, comme auparavant, il est, depuis, entouré de grandes vitres sur trois côtés, ce qui a pour effet de protéger l’intérieur, soit la statue, contre les intempéries en tout temps.

 

 Photo : Statue de Sainte-Anne.


 
Sous l’administration de M. le Chanoine J.-Bte Comeau, le charnier fut déplacé et transporté au coin nord-est de la vieille partie du cimetière, place qu’il occupait en 1961, lors de son expropriation. Ce charnier, construit en 1869, servait à remiser les corps au cours de la saison hivernale et il fut en usage jusqu’en 1925. De 1925 à 1961, cette bâtisse en bois n’était utilisée que pour y déposer les outils servant à l’entretien du cimetière. Maintenant, ce charnier recouvert en pierre, se trouve du côté est du monument de Sainte-Anne, à proximité de celui-ci. En 1909, ce charnier appartenait à la famille Euc. Ricard et maintenant, il est la propriété d’un citoyen de notre municipalité, lequel tient à conserver l’anonymat.

 

Photo : Charnier du cimetière de Yamachiche.

 

M. le Chanoine Elzéar de Carufel, qui avait une réelle dévotion à la Passion de Jésus, est ce prêtre de Yamachiche qui fit ériger, en 1930, au milieu de notre imposant cimetière, un somptueux Calvaire couronné des quatorze stations du chemin de la croix, en bronze, qui sont l’œuvre de l’architecte Dom. Cogné, de Montréal. Le coût de son érection fut défrayé par de généreux donateurs, dont les noms sont gravés dans la pierre et ce dit Calvaire fut construit sur l’emplacement exact d’une fosse commune, laquelle contient les corps inhumés des moins nantis de cette époque. 

Photo : Le Calvaire, XXIIème station du chemin de la croix. 

 

À Yamachiche,  au lendemain de la Toussaint, au Jour des Morts, la « criée pour les âmes » a été une coutume de 1878 à 1962, ce sur la galerie de la Salle publique (maison  quasi encastrée dans le cimetière), laquelle galerie servait de tribune au crieur (l’encanteur) et les gens s’y rassemblaient, soit pour acheter ou soit par simple curiosité; les profits des produits de la terre vendus (comme des patates, des oignons, des carottes, du tabac en feuilles, des grosses citrouilles jaunes, des poules et même des cochons de lait) servaient à faire chanter des messes pour les âmes du purgatoire. En novembre 1955, les recettes se chiffraient à $72.30.

Photo : Vue aérienne du cimetière, de l’église et du presbytère, 2007.

 

Il faut signaler que le présent cimetière a vu son dernier agrandissement se faire vers l’ouest, soit par l’arrière du presbytère et par l’arrière du Parc Marguerite-Bourgeois, ce pour lui donner son aspect actuel.

 

Les bedeaux de Yamachiche depuis 1789 furent Joseph Chaîné (1789-1798), Augustin Godin (1798-1801), Joseph Hamel (1801-1836), François Gélinas (1836-1866), Charles Bettez (1866-1875), Narcisse Garceau (1875-1883), Agapit Garceau (1883-1890), Joseph Gagnon (1890-1912), Joseph Paillé (1912-1928), Donat Gadbois (1928-1958), Joseph Pelletier (1958-1960), Jean Lord (1960-1980) et Paul Turner (1988-2013), ce dernier étant le dernier bedeau à plein temps.

 

Les successeurs à Jean Lord entre 1980 et 1988, soit Jules Milette (surtout pour les fosses, aidé de son fils René), Fernande Gélinas-Héroux et René Chapleau ont occupé des postes différents l’un de l’autre pour le bon fonctionnement du cimetière et de l’entretien de l’église, partageant souvent les tâches; dans cette période, il y a probablement eu d’autres personnes à l’oeuvre. Par la suite, depuis 2011, des gens comme Gabriel Mineau et maintenant en 2017, ce dernier encore en place avec Rosaire Thériault, Jean-Marc Bellemare et André Desaulniers, ont uni leurs efforts en prenant la relève pour s’occuper de l’inhumation des corps et de tous les autres travaux connexes concernant un cimetière; avec les urnes de plus en plus utilisées, le travail est quelque peu facilité.

Photo : Le sacristain et bedeau Jean Lord au cimetière :

Il indique l’endroit où la bouteille contenant un message a été trouvée. Ce document était pour certifier l’endroit précis où Marguerite Lacerte, veuve de François Bellemare, avait été inhumée le 17 avril 1877 à l’âge de 84 ans. Auparavant, Jean Lord avait déjà trouvé un tel document, mais malheureusement illisible; une telle coutume existait au 18ème siècle, car il n’y avait pas de monuments à cette époque, ce pour identifier chaque lot.  

Le plan du cimetière avec l’identification de l’emplacement de chacun des lots est une idée originale de Jacques Landry, ce lors de son séjour comme responsable de la gestion du cimetière. Ce plan se trouve bien en évidence à l’entrée du cimetière, soit du côté est, vers l’avant de l’église.

Du même côté et près du stationnement pour les véhicules, à l’entrée du chemin du cimetière, une croix trône avec le nombre 2,000 comme inscription, signifiant la date d’une Année Mariale ayant eu lieu dans cette dite année. Une Année Mariale est spécifiquement pour vénérer la Vierge Marie et l’année 2,000 correspondait justement au Jubilé de l’an 2,000, lequel avait été inauguré le 1er janvier par le pape Jean-Paul II avec une homélie pendant la messe en la basilique Sainte-Marie-Majeure.    

Quant à l’entretien des terrains du cimetière, la tonte de la pelouse est maintenant effectuée par André Lord, digne successeur de son père, soit Jean Lord (entre lui et son père Jean, quelques autres ont fait la pelouse du cimetière, dont Jean Rae). Le cimetière est toujours bien entretenu et fait l’orgueil des municipalités environnantes par sa beauté. L’entreprise Les Monuments Boucher et Lefebvre inc. s’occupe de l’installation des monuments et du lettrage des noms sur chacun d’eux et ce, depuis plusieurs années.  Le regretté Armand Milot, citoyen de Yamachiche et propriétaire d’une tabagie, a longtemps servi d’intermédiaire entre les Monuments Boucher et chaque propriétaire d’un lot, notamment pour le monument et les inscriptions s’y trouvant.

Pour plus de détails sur le cimetière de Yamachiche, vous pouvez consulter le livre « Yamachiche et son Histoire », pages 300 à 303.