Route de Saint-Sévère

 

Sévère-Nicolas Dumoulin a été le curé d'Yamachiche de 1825 à 1853.

Il ne perdra pas son temps en instaurant dès son arrivée des visites de paroisse, ce qui lui permit de connaître tout son monde et leurs aspirations et surtout, de pouvoir mettre à contribution toute la communauté pour ses multiples projets. À cette époque, Saint-Barnabé et Saint-Sévère faisaient partie du territoire d'Yamachiche, ce qui veut dire que le curé Dumoulin devait couvrir un territoire de 6 milles par 15 milles pour connaître ses 3000 résidants.

J'ai tiré du fascicule produit à l'occasion du 125e anniversaire de l'église de Saint-Sévère l'historique suivant:

  • Saint-Sévère est située dans le fief Dumontier, seigneurie concédée le 24 octobre 1708 au sergent François Dumontier. Nous ne pouvons pas préciser la date des premiers établissements dans cette seigneurie, mais nous savons qu'en 1800, il y avait des habitants vers le milieu de ce fief sur un rang double, dans la direction nord, portant le nom de Pic-dur où l'on voit aujourd'hui la belle église de St-Sévère.

    Au mois d'octobre 1825, M. L'abbé Joseph Sévère Nicolas Dumoulin venait prendre possession de la cure d'Yamachiche. Voyant que sa paroisse était extrêmement populeuse, il songea à la diviser, car beaucoup d'habitants avaient une distance énorme à parcourir pour venir à l'église et demandaient un prêtre plus près d'eux; le 2 novembre 1828, le curé Dumoulin lisait du haut de la chaire le décret de l'évêque de Québec (Mgr Bernard Clause Panet) par lequel les rangs St-Joseph, Bellechasse et Pic-dur étaient détachés de Ste-Anne d'Yamachiche pour former St-Barnabé. La 1ère pierre de l'église a été bénite en 1830 par le grand vicaire Louis Marie Cadieux des Trois-Rivières.

    Mais les choses ne se firent pas d'une manière aussi facile et aussi simple qu'on aurait pu l'espérer; il y eut opposition et à la fin, l'établissement de deux paroisses au lieu d'une à savoir St-Sévère et St-Barnabé.

    Le fief Dumontier a été tout entier dans les limites de la paroisse d'Yamachiche avant l'établissement de nouvelles paroisses; il commence au haut des terres de la grande Acadie du cadastre seigneurial de 1854. Ce fief fait maintenant partie de St-Sévère et de St-Léon.

    L'histoire se répète continuellement et comme la plupart des nouvelles paroisses, le site de l'église suscita de nombreuses difficultés. Il y avait deux groupes de francs-tenanciers, un premier qui voulait Bellechasse tandis que les autres privilégiaient la place actuelle de l'église. Après bien des disputes le choix se porta sur Bellechasse; enfin le 19 mars 1829, avec le vicaire Cadieux, une assemblée fixa la place dans le rang Bellechasse partie centrale de la paroisse débutante, sur la ferme aujourd'hui propriété de Jean-Louis Gélinas. En 1830, au mois d'octobre, eut lieu la bénédiction de la première pierre par Mgr Cadieux. On travaillait ardemment, l'édifice progressait rapidement des fondations jusqu'aux châssis; mais le travail de l'opposition était tellement fort auprès des autorités qu'on dût abandonner les travaux, on sait que le curé Dumoulin d'Yamachiche favorisait le site de Bellechasse. Nous pouvons encore aujourd'hui trouver les pierres de fondation de l'église inachevée.

    C'est alors que l'on conseille aux gens du rang St-François de Pic-dur de faire une nouvelle requête à l'évêque de Québec pour retourner à leur paroisse d'origine, Yamachiche; on leur promettait qu'ils pourraient obtenir dans un avenir prochain leur propre paroisse avec une église plus proche, d'où le désir de fonder la paroisse de St-Sévère en 1850.

    Et le 4 novembre 1849 une demande des concessions St-François de Pic-dur et Bellechasse fiefs Dumontier et Gatineau de la paroisse Ste-Anne d'Yamachiche est déposée pour fonder la paroisse de St-Sévère, ladite paroisse devrait avoir une étendue de territoire d'environ 3 milles de front par 7 milles de profondeur, bornée au nord ouest au Township de Caxton vers le sud ouest de la grande rivière du Loup partie du fief de Grand Pré, au sud est partie du fief Grosbois en ce qui concerne Bellechasse à la ligne sud est des terres des sieurs Alexis Gélinas et Jean Milot vers le nord est à la paroisse de St-Barnabé qui a été prise à même Yamachiche elle aussi vers le 25 avril 1832.

    La paroisse de St-Sévère a été fondée le 23 janvier 1850, ça a pris cinq ans à décider du site de l'église, après beaucoup de discussions l'église, le presbytère et le cimetière, tout sera installé sur un lopin de terre de 2 arpents de large par 4 de profondeur cédé par le Sieur Charles Bellemare habitant à Pic-dur à peu près à l'endroit actuel de l'église. L'église a 80 pieds de long, 45 pieds de large et 25 pieds de haut. L'acquisition du terrain par la Fabrique date du 27 décembre 1850, le lopin de terre appartenant à M. Bellemare a été acheté le 21 mars 1850, et la partie de la terre de Joseph Héroux a été acquise le 21 juin 1850.

    La bénédiction de l'église et du presbytère s'effectuera en 1855. Le curé d'Yamachiche, Sévère Joseph Nicolas Dumoulin est plus que respecté puisque c'est en son honneur que les concessions Pic-dur et Bellechasse se sont appelées St-Sévère, évêque dont la fête est le 30 avril.

  • On indique sur la page internet de la MRC de Maskinongé que la population de Saint-Sévère ne serait que de 358 personnes. Il faut donc présumer qu'avec ses gros sabots, le gouvernement du Québec prônera le regroupement de cette municipalité avec l'une de ses voisines.

    Ce serait dommage et mal connaître les ressources de cette communauté très organisée. Les résidants de Saint-Sévère sont des gens très dynamiques qui se connaissent les uns les autres contrairement à ces quartiers de ville où les voisins n'ont à peu près pas de contacts.

    L'authenticité de Saint-Sévère repose avant tout sur l'agriculture et ses acteurs doivent compter sur une représentation politique pour préserver l'identité de cette communauté.

    Il y a 4 kilomètres entre l'intersection de la route 153 et les limites de Saint-Sévère et pourtant, on n'y retrouve qu'une seule résidence. C'est vous dire comme ce secteur a été exceptionnellement préservé pour l'agriculture, l'une des conséquences intéressantes de l'adoption en 1978 de la loi sur la Protection du territoire et des activités agricoles du Québec.

    Je vous laisse sur une remarque intéressante de Me Claudelle Lacerte concernant Pic-Dur. On sait que l'économie de langage et la transmission d'une langue à l'autre ont créé au Québec des associations très particulières.

     

    Paul Desaulniers

    Pour voir la carte cliquez ici

    ____________