Route de la Bezote

 

 

Les habitants de la Grande-Rivière n'avaient pas, pour venir à l'église du Petit Machiche, les chemins raccourci qu'ils ont maintenant, ils devaient toujours passer par le village du Grand Machiche.  Il y a plus que cela encore; il leur fallait suivre ce qu'on appelle la route à Bezote, traverser la rivière vis-à-vis le chemin des Petites-Terres, puis remonter à l'église.

 

Lorsqu'ils virent que décidément l'église ne serait pas bâtie sur la terre donnée par le seigneur Duchêne, ils demandèrent que l'on continua la route du Grand Machiche jusqu'au delà de la petite rivière, afin de leur épargner le grand tour qu'ils étaient obligés de faire auparavant.  La chose était juste et toute naturelle, elle leur fut accordée sans la moindre hésitation.  Mais voilà que les propriétaires du terrain que cette route devait couper, s'avisèrent de faire de l'opposition.  Monsieur Louis Gélinas eut l'idée originale d'aller planter un verger précisément à l'endroit où le chemin devait passer; et quand des hommes se présentèrent pour travailler, il leur fit solennellement défense de toucher à son verger.

 

Le verger de Monsieur Louis Gélinas était composé de grands arbres, arrachés sans beaucoup de soins, et ne porta ni feuilles ni fruits.

 

Il était dans le caractère de nos pères de chanter à propos de tout et de rien.  Le nouveau verger, avec ses branches sèches et nues, excita la verve d'un Béranger populaire qui fit bel et bien une chanson, paroles et musiques, à l'adresse du père Gélinas.  Pauvre Bezote (Gélinas), y était-il dit :

 

                                                           Pauvre Bezote,

                                                           Ton verger n'a pas pris racine,

                                                           C'est là ce qui te chagrine,

                                                           Pauvre Bezote!

 

Mais le sous-voyer donna ordre d'ouvrir la route, et Monsieur Louis Gélinas alla faire solennellement défense de toucher à son verger.  Un gaillard qui tranchait les branches sèches avec beaucoup d'ardeur, lui disait, tout en le lorgnant du coin de l'oeil : père Bezote , je vous conseille de ne pas approcher, car il pourrait vous arriver malheur.  Je puis tuer un homme, moi, pour obéir à mon sous-voyer.

 

En 1795, c’est la relocalisation de l’ancienne église du Lac Saint-Pierre au centre urbain actuel et la translation des corps au cimetière.  C’est donc la fin de l’ancien village pour la création du nouveau village. (1)

 

Le 6 octobre 2008, le conseil municipal adopta le règlement # 339 concernant le changement de l’appellation de la rue Bellemare et route de la Bezote pour rue Gélinas à partir de l’intersection du Boulevard Duchesne pour se terminer à la rue Gérin-Lajoie ainsi que des modifications à des numéros civiques existants.

 

(1)      En 1812, lors du passage à Yamachiche du gouverneur Prévost, Pierre Hubert (grand-père de Monsieur Narcisse Hubert, de Nicolet) et Joseph Pothier, mon grand-père maternel, après un procès célèbre, se sont hâtés de faire ouvrir le chemin, depuis la route à Bezote jusqu'au village actuel.  Dans la nuit qui précéda l'arrivée du gouverneur, ils plantèrent un poteau avec une main pour indiquer la nouvelle route aux distingués personnages.  Ils passèrent la nuit, tous deux, à veiller pour empêcher leurs adversaires de nuire à leurs projets.  Cet Hubert était le gendre de Monsieur José Carbonneau (grand-père de Monsieur Joseph Carbonneau) qui a fourni le terrain où se trouve l'église actuelle.  Ce José Carbonneau était l'oncle de Monsieur François Carbonneau, père de Monsieur Jules Carbonneau.  (Note de M. François Lesieur-Desaulniers)

 

 

André Desaulniers

Conseiller délégué en histoire

Municipalité d’Yamachiche