Le Nouvelliste 20 avril 1999

Un mauvais contrôle des dépenses

Le Régie de Grandpré a coûté 2 millions $
de plus que prévu

Brigitte Trahan
Louiseville

"Si la Régie était à refaire, on n procéderait pas de la mémé façon On irait par voie de contrat et pas en régie comme on l'a fait", assure le président de la Régie intermunicipale d'aqueduc de Grandpré, M. Michel Clément, qui occupe cette fonction depuis un an.

M. Clément avoue, qu'il n'est pas très satisfait, à la lecture du rapport du vérificateur du ministère des Affaires municipales. "Une des grosses lacunes qui a amené ça (la vérification), c'est M. (Pierre) Cabana qui n'est en partie responsable. Il aurait dû s'adjoindre du personnel supplémentaire. Il disait qu'il étai essoufflé mais jamais il n'a demandé être appuyé par du personnel additionnel. Je ne suis pas satisfait de son travail", analyse le président de la Régie. "Une partie du blâme, lui revient."

M. Clément estime aussi que les coûts ont été mal estimés par la firme LPA, les ingénieurs conseils engagés par la Régie pour réaliser le projet. Les coûts de la Régie ont en effet dépassés de 2 millions $ les révisions initiales. Ils ont été de 16 millions $ au lieu de 14 millions $.

À l'automne 1997, juste avant son départ de la firme LPA, l'ingénieur en charge "disait qu'on allait analyser les dossiers et qu'il devrait rester 5000 $ sur les 13 millions $ du règlement d'emprunt", raconte M. Clément. environ deux mois plus tard, ajoute-t-il, il a fait faire un nouveau règlement d'emprunt de 2 millions $ pour être capable de finaliser le projet. "Il y a eu un mauvais contrôle des dépenses", estime M. Clément.

Ce dernier se demande si, dans des dossiers majeurs comme la construction d'une régie, l'estimation des coûts n'est pas arrangée pour ne pas faire peur aux élus municipaux. "C'est sûr que si on avait su qu'il s'agissait d'un projet de 14 millions $, il n'y en aurait pas eu, de régie", dit-il.

M. Clément explique que le conseil de la Régie a aussi ses torts. "Il y a des choses qu'on a changées en cours de route, des grosseurs de tuyaux, par exemple. On a procédé en régie parce qu'on avait l'impression que ça coûterait moins cher comme ça. on le fait souvent pour les projets plus petits dans nos municipalités", fait-il valoir. "Mais c'est évident que si c'était à recommencer, on irait par contrat", dit-il.

Depuis qu'elle a obtenu le rapport du MAM, la régie dit avoir l'intention de demander la production d'un rapport de sa situation administrative actuelle par un vérificateur. Le président entend même aviser la population des résultats.

Certains correctifs ont déjà été apportés, notamment l'engagement d'une nouvelle secrétaire-trésorière, il y a un an (une dizaine se sont succédé depuis la fondation de la Régie). Il est aussi possible que des sommes soient dégagées au prochain budget pour faire mettre de l'ordre dans les archives. "Chaque secrétaire avait son propre système de classification", raconte M. Clément.

Invitée à réagir, la firme LPA estime que les éléments qui sont dans le rapport d'enquête du MANI son des choses marginales sur l'ensemble d'un contrat qui a eu des retombées économiques très importantes. C'est un projet techniquement très évolué et nous le considérons comme un succès", explique M. Jean Lambert, l'ingénieur de LPA qui a pris la relève en novembre 1997.

"On parle d'une dizaine de contrats sur les 100 soumissions réalisées dans le cadre des travaux de la Régie. Sur le nombre de contrats réalisés, ça ne nous apparaît pas majeur", fait-il valoir.

M. Lambert ajoute que dans un projet de cette ampleur, il arrive des éléments parfois imprévisibles en cours de route. "En 1994, par exemple, les taxes du gouvernement sont passées de 4 % à 6,5 %. Ce n'est pas banal sur un projet de
12 millions $."

M. Lambert estime qu'il aurait été moins compliqué et moins coûteux en termes administratifs d'y aller par soumissions globales. "Si c'était à recommencer, je dirais que ce serait préférable de ne pas morceler en petits lots de construction comme ça a été fait. Mais il y a eu des économies quand même. Par exemple, on a eu des prix exceptionnels pour les tuyaux et la machinerie", illustre-t-il.

Quant au chargé de projet, M. Pierre Cabana, il réfère la Régie et le gouvernement à un document exhaustif qu'il a piloté entre janvier et mai 1998. "Ce document de compilation justifie tous les gestes posés au cours des quatre ou cinq dernièes années (à la Régie). Il a été remis ru MAM qui en avait besoin dans le cadre de programmes de subventions comme AIDA. Toutes les factures ont été vérifiées et contre-vérifiées et toutes les approbations on été vérifiées également. Ce document répondrait en principe à toutes les questions soulevées dans le document du MAM", dit-il.

"C'est vrai que le projet m'avait épuisé", ajoute M. Cabana. "J'avais 49 patrons. Je n'avais pas l'infrastructure sous la main pour prendre la responsabilité de certaines parties administratives. On avait délégué une partie des responsabilités administratives à nos consultants.' Je disais à la régie d'autoriser une personne au consultant, mais, dans les faits, ça coûte cher et on ne paie pas plus d'employés. Pas un chrétien ne va me dire que je pouvais fournir cinq ou six personnes compte tenu des honoraires qu'ils me payaient", plaide-t-il..

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