La petite Émy-Maude, presque trois ans,
utilisait sa pelle en plastique pour remplir des sacs de sable
destinés à protéger les résidences du chemin Louis-Gatineau, à
Yamachiche. Même si elle avait du sable partout sur ses mains,
elle affirmait ne pas abandonner.
Cette petite accompagnait ses parents,
Marie-Christine Laporte et Joël Delangis, partis de Joliette
simplement pour aider leur prochain.
«On ne connaît personne ici, mais on voulait
aider les sinistrés. Nous avons appelé à la Municipalité et ils
nous ont dit qu'on pouvait remplir des sacs de sable»,
expliquait Mme Laporte. «Si on est mal pris un jour, ça va
sûrement nous revenir.»
L'expérience demandait une bonne dose de
travail physique, mais apprenait aussi la générosité à la petite
Émy-Maude. «Elle était contente de venir aider comme la
Pat'Patrouille, cette émission de télévision que les
enfants aiment tant», soulignait sa mère quelques instants avant
que la fillette montre fièrement son chandail de la populaire
brigade canine.
Mouillée et glacée, Stéphanie Martel
s'affairait avec son conjoint à transporter des sacs de sable
pour protéger leur chalet de Yamachiche. Elle avouait être
fatiguée, mais elle n'était pas découragée. «Qu'est-ce qu'on
peut faire?», disait-elle en ajoutant que les forts vents de
dimanche compliquaient grandement la situation.
Le canoë dans lequel le couple transportait
des sacs de sable a coulé; rien pour améliorer la situation. «On
va retrouver notre canot lorsque l'eau va se retirer», ajoutait
Mme Martel impuissante.
Gilles Audet, un autre résident de Yamachiche,
observait les importantes vagues de dimanche avec une certaine
inquiétude. Il sait que de grosses vagues peuvent être
dommageables pour les bâtiments, désormais très proches du
fleuve. Pour la première fois en 17 ans, soit depuis qu'il
habite à cet endroit, son garage est inondé.
«Il y a des choses plus graves, comme le
cancer», affirmait-il. «Nous n'avons pas le choix de vivre
avec.»
Les vagues étaient également très fortes dans
le secteur de Port-Saint-François à Nicolet. Le muret qui sépare
la berge des terrains était entièrement inondé. Lionel Désilets
ne voulait pas courir le risque, alors que les autorités de
Nicolet envisageaient une inondation complète du secteur.
«J'ai mis des sacs de sable partout pour
protéger les ouvertures de la maison. Les pompiers pensaient
qu'on serait entièrement dans l'eau dimanche. Heureusement, ce
n'est pas arrivé», confiait-il.
Pour certaines personnes, les inondations sont
une réalité depuis cinq semaines. C'est notamment le cas des
résidents de la route de la Langue-de-Terre à Maskinongé. Le
poids des épreuves et la fatigue peuvent être lourds pour
certains sinistrés.
Conscients que des résidents peuvent présenter
des signes de détresse psychologiques, des policiers, des
membres des Forces armées, des pompiers ainsi que des
intervenants de la santé sont allés ce week-end à la rencontre
des citoyens sinistrés. Ils allaient discuter avec eux pour leur
donner de l'information sur l'aide disponible et les ressources
à leur disposition.
«Des intervenants utilisent des bateaux pour
se rendre chez des sinistrés inondés depuis longtemps»,
soulignait Sébastien Doire, directeur régional de la Sécurité
civile.
Les personnes sinistrées ayant besoin d'aide
psychologique ou sociale peuvent communiquer avec le 811 et
composer ensuite le 2. Des services sont disponibles pour venir
en aide aux personnes présentant des signes de détresse.
«On demande aux gens témoins de détresse
psychologique de rapporter les situations auprès de leur
municipalité ou de faire le 811 pour que ces gens aient de
l'aide.»
Les opérations sur le terrain sont aussi
confrontées à des difficultés, comme ce fut le cas dimanche
matin à Yamachiche alors que la route a cédé sous le poids d'une
chargeuse de la municipalité transportant des sacs de sable.
Inondé depuis un bon moment déjà, le chemin de
la Tranchée-d'Isaïe à Yamachiche, une route près du chemin
Louis-Gatineau, s'est effondré sous le poids d'une chargeuse. La
machinerie lourde est demeurée coincée durant un bon moment. Une
pelle rétrocaveuse a été nécessaire pour sortir la chargeuse de
sa fâcheuse position.
Par la suite, la Municipalité a dû utiliser
des embarcations et un ponton pour acheminer les sacs de sable
aux sinistrés.
En terminant, la Sûreté du Québec était encore
plus présente sur le terrain ce week-end.
Le corps policier a presque triplé ses
effectifs afin de décourager d'éventuels voleurs de s'en prendre
aux résidences inondées.