«On est un peu fous!»
GABRIELLE THIBAULT-DELORME
Le Soleil
«Mes parents m'ont beaucoup aidé. J'ai été privilégié. Je ne serais
pas parti de rien sans leur aide», reconnaît Jean-Félix Morin, de
Saint-Boniface, qui s'est lancé dans l'élevage de bœufs avec ses
parents en 2009. «Ils ont toujours été là, derrière moi.»
Par chance, ajoute-t-il, car pour un jeune de 21 ans, achetez une
terre à 350 000 $ n'est pas une mince affaire. «Mes parents étaient
copropriétaires avec moi dans la ferme bovine.»
Après quelques années à vivre les hauts et les bas de l'industrie,
il travaille en vue de fusionner son entreprise avec celle de son
voisin, producteur laitier. Ses parents gardent la maison et lui la
terre et la machinerie. «Encore une fois, ils me font un gros
cadeau».
Steve Beaudry, de Yamachiche, a aussi repris la ferme familiale.
Dans son cas cependant, l'histoire est moins heureuse. Si, très
jeune, il participait activement aux travaux de la ferme, il se
dirigeait plutôt vers les télécommunications. Jusqu'à ce que le
décès de son père le ramène à l'agriculture.
« En 2004, mon père a été diagnostiqué avec de l'emphysème. J'ai terminé mon DEC en électronique et je suis retourné sur la ferme pour m'en occuper», explique-t-il. « J'ai dû faire un choix entre travailler à l'extérieur ou m'occuper de la ferme.»
Sa mère lui a transféré la ferme après la mort de son père. La
valeur, établie en 2011, a été séparée en quatre pour lui, son frère
et ses sœurs. Steve doit leur remettre la somme dans les prochaines
années.
L'entreprise n'avait pas de dettes au moment de son transfert, ce
qui lui a facilité la tâche auprès des institutions financières.
«Tant que je prouve la rentabilité de l'entreprise, ça va bien.»
De son côté, Jean-Félix aussi admet qu'il n'a pas eu de mal à
trouver du financement. Faisant affaire avec la Banque Nationale
pour la fusion des entreprises, il dit avoir été bien épaulé. «Ils
viennent nous rencontrer directement à la ferme. Si ton projet est
viable, je crois que c'est possible d'avoir du financement 1...1
C'est faisable, avec un paquet de Fonds à gauche et à droite. Mais
il faut savoir où aller cogner et il faut vouloir aller cogner.»
Et cette leçon ne s'applique pas uniquement pour le financement.
Très engagés au sein de la relève, Steve et Jean-Félix ont établi un
bon cercle social. «Entre nous, les jeunes de la relève, il y a
beaucoup de partage de connaissances et d'entraide», dit Jean-Félix.
Ils doivent aller vers les gens affirment-ils. «Il faut se tenir
proche des voisins et aller les aider quand ils ont besoin, comme ça
quand c'est notre tour, ils nous aident», ajoute Steve.
Et cette aide est bienvenue, surtout quand les temps sont plus
difficiles. «J'ai payé certaines années pour exercer mon métier»,
dit Jean-Félix, qui au début, travaillait dans une pépinière l'été
en même temps qu'il s'occupait de sa ferme.
Malgré les longues heures et le travail acharné, les deux admettent toutefois qu'ils arrivent à prendre des vacances, grâce à leur entourage. «On n'est pas indispensable», dit Jean-Félix, qui précise toutefois qu'après deux semaines de vacances, il a hâte de revoir ses animaux.
«On est un peu fous!», affirment-ils, ajoutant que ce n'est pas un métier, mais une passion, un mode de vie.