Le Nouvelliste 5 mars 2013


 

La Garde côtière pointée du doigt par un pourvoyeur

Propriétaire du centre de pêche Martin Pêcheur, Denis St-Pierre déplore la façon de faire de la Garde côtière du Canada.

Photo: Stéphane Lessard

 


Vincent Gauthier

Le propriétaire du centre de pêche Martin Pêcheur de Yamachiche n'a guère apprécié voir une trentaine de ses cabanes prendre le large, samedi matin, après une opération de la Garde côtière du Canada visant à briser les glaces sur le fleuve Saint-Laurent.

Deux jours après l'incident, Denis St-Pierre ne décolère toujours pas et songe même à entreprendre des recours légaux contre la garde côtière afin d'éponger des dommages matériels évalués à 100 000 $. Il souligne avoir néanmoins réussi à sauver une trentaine de ses cabanes.

 

«Dès qu'on a vu les fissures se former dans la glace, on s'est dépêchés à en sortir le plus possible. On est en train d'évaluer tout ça et on va regarder avec un avocat si on peut envoyer une mise en demeure», dit-il.

 

Au-delà des dommages matériels, le propriétaire du Martin Pêcheur déplore que la Garde côtière ait pu mettre en danger la vie d'une cinquantaine de ses clients.

«Ça fait cinq ans que je suis ici et ils n'ont jamais fait d'opération de déglaçage avant. Il y a un monsieur de 70 ans qui est tombé à l'eau quand la glace a commencé à se casser.

 

 Heureusement, il a réussi à s'en tirer. Il y avait aussi plusieurs enfants. C'était très dangereux, ils ont été traumatisés de ça», dénonce-t-il.

 

Plusieurs pêcheurs ont également perdu des effets personnels lorsque les cabanes sont parties au large. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs présentés à la pourvoirie au cours de la journée d'hier pour savoir ce qui était advenu de leurs biens.

 

En réponse à leurs interrogations, le pourvoyeur leur a demandé de lui remettre des factures des biens perdus et a indiqué qu'il allait inclure ces montants dans un possible recours contre la Garde côtière.

 

Même s'il questionne la nécessité d'une telle opération pour briser la glace, Denis St-Pierre aurait surtout apprécié recevoir un préavis. Il n'aurait alors eu besoin que de deux heures pour obtempérer et retirer toutes ses cabanes de pêche. Par ailleurs, le pourvoyeur n'exclut pas la possibilité que la Garde côtière se soit simplement trompée de rive pour son opération.

 

«Depuis que c'est arrivé, ils ont déjà changé leur version des faits quelques fois. Au début, ils disaient nous avoir avertis avant de le faire. Ensuite, ils ont dit que c'était en raison des marées. Pourtant, l'eau n'était pas haute du tout», raconte M. St-Pierre, qui était bien au fait que la saison tirait à sa fin et avait commencé à rapprocher ses cabanes du rivage.

 

En collaboration avec Mathieu Lamothe

 

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