Le Nouvelliste 4 février 2013

 

Perchaude: «Le moratoire va donner le coup de mort à l'industrie»

 

L'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre estime que plus de 50 % des perchaudes remises à l'eau cet hiver ne survivent pas.

Photo: Stéphane Lessard


Gabriel Delisle

(Yamachiche) L'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre mène actuellement un recensement des poissons pêchés afin de donner davantage d'informations au ministère des Ressources naturelles qui a imposé l'an dernier un moratoire sur la pêche à la perchaude. Parallèlement, des tests réalisés par l'Association révèlent que la mortalité des perchaudes pêchées cet hiver et remises à l'eau dépasse les 50 %.

Les hameçons des pêcheurs ne discriminent pas les espèces de poissons. Les perchaudes mordent bien entendu encore aux appâts destinés à pêcher d'autres espèces comme le doré. Mais, lors de la remise à l'eau, les poissons subissent, selon l'Association, d'importants traumatismes. Si bien que le taux de survie des poissons remis à l'eau en hiver n'est pas très élevé, estiment les pêcheurs.

 

«Dès qu'on dépose le poisson sur la glace pour le décrocher, il perd des écailles. Les poissons sont alors condamnés, car les plaies vont s'infecter», soutient Claude Desaulniers, propriétaire du centre de pêche Qui-Mauricie à Yamachiche.

 

«Nous évaluons au moins à 50 % le taux de mortalité de ces poissons», ajoute Jean Lévesque, le président de l'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre.

 

L'Association des pêcheurs remet toujours en question les résultats du ministère des Ressources naturelles qui démontrent que la population de perchaude juvénile dans le lac Saint-Pierre est en déclin. Afin de protéger l'espèce, un moratoire a été imposé par Québec.

 

D'ailleurs, Jean Lévesque affirme que les perchaudes sont très nombreuses cet hiver dans le lac Saint-Pierre. «C'est une année exceptionnelle pour les perchaudes», dit-il.

 

Robert Daviau pêche depuis huit ans sur la glace du lac Saint-Pierre. Même si sa cabane est installée plus loin sur la glace, où l'eau est plus profonde, il pêche beaucoup de perchaudes cet hiver. «La semaine passée, en une journée j'ai pêché 26 perchaudes et quatre dorés», avoue-t-il. «J'ai remis à l'eau toutes les perchaudes, même si je voyais que certaines allaient mourir.»

 

L'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre estime que le moratoire sur la pêche à la perchaude risque de «tuer» cette industrie.

 

«La pêche à la perchaude est une pêche familiale. Là, les enfants n'ont plus d'intérêt à venir sur le lac Saint-Pierre. De plus, ça coûte environ 3000 $ par année pour installer une cabane de pêche. Je me demande si je ne suis pas mieux d'aller en Floride avec cet argent-là», affirme Jean Lévesque. «Le moratoire va donner le coup de mort à l'industrie.»

 

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