Le Nouvelliste 20 février 2013

 

210 emplois menacés chez le Groupe RCM


Le Groupe RCM de Yamachiche connaît de sérieuses difficultés financières au point d'annoncer le licenciement collectif de 210 employés.

Photo: Stéphane Lessard




Louise Plante

(Yamachiche) Décidément, les mauvaises nouvelles continuent de s'abattre sur la Mauricie. C'est au tour du Groupe RCM de Yamachiche, une entreprise de recyclage, de connaître de sérieuses difficultés financières au point d'annoncer le licenciement collectif de 210 employés, dont 70 % sont des personnes handicapées. Si les deux scénarios de sauvetage actuellement sur la table et qui impliquent des groupes privés n'aboutissement pas, le licenciement sera effectif le 11 mai prochain.

Des délais trop longs associés au développement d'un nouveau procédé industriel destiné à transformer les pellicules de plastique et différents emballages multicouches auraient engendré des coûts de recherche et développement trop importants pour la capacité financière de l'entreprise d'économie sociale, a confié Michel Camirand, directeur général du Groupe RCM et Récupération Mauricie.

 

De plus, des délais de livraison des équipements ajoutés au rodage et au développement auraient forcé l'employeur à prendre cette décision. C'est ce qui s'appelle faire face à la dure réalité du monde de la recherche et du développement.

 

M. Camirand ajoute qu'il n'existe pas de programme d'aide à la recherche destiné aux organismes sans but lucratif tel que le programme de crédit d'impôt pour la recherche et le développement.

 

«C'est un procédé en cours. On a dépensé le vieux gagné, il faut maintenant de l'argent neuf, car on a financé cette recherche a même notre fonds de roulement tout en remboursant l'intérêt sur nos prêts et même du capital. Mais comme j'ai dit à nos employés, il faut de l'essence dans le réservoir et là, je n'en ai plus», a-t-il résumé.

 

Les employés ont été mis au courant lundi, tandis que le député de Maskinongé, Jean-Paul Diamond, était avisé de la situation vendredi dernier.

 

La décision a été d'autant plus difficile à prendre que Groupe RCM touche au but. Sa résine a en effet été testée avec succès pour la fabrication de bacs d'une grande entreprise. Toutefois, le groupe connaît des problèmes de volume. «On est passé d'une production de 200 kilos à 600 kilos à l'heure mais ce n'est pas encore les conditions qu'on souhaiterait même si on s'est améliorés. On veut une production plus importante avec un produit encore plus de qualité. Il y a encore de la recherche et du développement à faire pour raffiner le procédé. Je vous donne un exemple. Il y a deux semaines, mes employés m'ont signalé un problème de poussière qui créait de l'énergie statique. Jamais le CRIQ ne nous a parlé d'énergie statique dans son étude. Il faut régler ce genre de problème-là au fur et à mesure. Mais je ne peux encore investir là-dedans tout en faisant face à mes obligations, sans un sou additionnel. La loi nous oblige à donner un préavis de 12 semaines à nos employés, c'est ce qu'on vient de faire.»

 

Rappelons que depuis 2010, Groupe RCM Inc est le principal recycleur québécois de pellicules de plastique et d'emballages multicouches récupérés par les centres de tri du Québec. On y travaille à mettre en place un nouveau procédé industriel destiné à transformer les matières qui trouvaient difficilement preneur sur le marché domestique. On veut en faire une résine de plastique «100 % postconsommation» qui intéresserait les producteurs de produits de plastique. Avec l'aide du Centre de recherche industrielle du Québec et plusieurs partenaires comme Tétra-Pak, Jus Lassonde, Natrel et Recyc-Québec, l'entreprise de Yamachiche avait réalisé un important projet d'investissement de plus de 4 M$: un projet novateur qui devait faire du Groupe RCM le leader dans le recyclage de pellicules plastiques.

 

Le groupe a fait savoir hier qu'il étudiait divers scénarios qui pourraient lui permettre de consolider sa position et de sauver des emplois, bref, d'éviter la fermeture de l'usine. Cela dit, c'est le premier cri d'alarme que lance Groupe RCM et Michel Camirand reste positif en se souvenant que les centres de tri, qui ont eux aussi traversé une sérieuse crise il y a quelques années, s'en sont sortis.

 

En plus des deux scénarios sur la table, il n'exclut pas une aide gouvernementale, car il faut bien trouver un débouché pour les mal aimés de la récupération qu'on ne veut surtout pas retrouver dans les lieux d'enfouissement.

 

Par ailleurs, la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie a réagi, hier, en faisant savoir que son centre de tri régional de Saint-Étienne-des-Grès maintenait tout de même ses opérations. Aucun changement n'est apporté à la collecte des matières recyclables (bac bleu) qui demeure en cours. René Goyette, président de Récupération Mauricie, confirme que les difficultés financières éprouvées par Groupe RCM n'affectent en rien les opérations du centre de tri.

 

Rappelons qu'en 2004, Groupe RCM et la régie se sont associés pour former la société en nom collectif Récupération Mauricie qui opère le centre de tri de Saint-Étienne-des-Grès.

De son côté, le député de Maskinongé, Jean-Paul Diamond, a rapidement réagi vendredi dernier, interpellant différents ministères, comme celui de l'Environnement, dont le titulaire Yves-François Blanchet est également le ministre responsable de la région. «C'est une triste nouvelle et on va tout faire pour sauver l'entreprise. J'ai écrit à Agnès Maltais (Emploi et Solidarité sociale) à Élaine Zakaïb (Politique industrielle et Banque de développement économique du Québec), Yves-François Blanchet et au ministre Nicolas Marceau (Finances). On fera tout ce qu'il faut. Si M. Blanchet est ouvert, il pourrait faire en sorte que Recyc-Québec permette des fonds supplémentaires. C'est ce qu'on a demandé. On attend des réponses et un rendez-vous. C'est important pour moi ces emplois pour les personnes handicapées», a-t-il confié.

 

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