Le Nouvelliste 18 janvier 2011

Branchée sur la jeunesse


Guylaine Plourde
Photo:Stéphane Lessard

Martin Lafrenière

Que ses élèves proviennent d'une famille aisée ou d'un milieu difficile, Guylaine Plourde prend les moyens pour en faire de futurs adultes intelligents et autonomes

.Mme Plourde est l'enseignante d'une classe de troisième année du pavillon Omer-Jules-Desaulniers de Yamachiche de l'école primaire Yamachiche-Saint-Léon.

Dans sa classe, ses 21 élèves ont la chance de travailler avec un ordinateur portable, résultat d'un projet qu'elle a monté en 2009 avec sa collègue Céline Richard, enseignante de quatrième année.

«Les enfants d'aujourd'hui sont nés avec des télécommandes dans les mains. Avec des ordinateurs, ils sont capables de nous montrer un paquet de choses. Mais ici, on est un milieu coté 10 (le ministère de l'Éducation classe les milieux selon l'indice de pauvreté, 10 étant la cote où cette réalité est la plus présente).

Si un enfant provient d'un milieu pauvre où il n'y a pas d'ordinateur à la maison, le milieu scolaire doit lui fournir les outils pour un travail futur et pour qu'il soit capable de se débrouiller.»

Rappelant que tout le monde est quotidiennement en contact avec la technologie, que ce soit pour payer son essence via une carte de débit ou pour remplir un formulaire quelconque sur Internet, Mme Plourde voit la progression des élèves grâce à tout ce qu'ils peuvent apprendre par le biais de différents sites pédagogiques.

«Au début de l'année scolaire, les élèves ne savaient pas où était la touche de la majuscule sur le clavier. Aujourd'hui, ils font des présentations en Power point, ils écrivent des textes avec Word, ils font des montages vidéo. Et en plus, ça aide à capter l'intérêt des enfants. J'ai 15 garçons dans ma classe, dont au moins cinq qui ont des troubles de comportement. C'est une façon de les intéresser, mais ça intéresse aussi les filles!», raconte celle qui a mérité il y a quelques mois un prix national d'excellence de la part d'une entreprise privée spécialisée dans les régimes d'épargne-étude.

Les enfants utilisent leur ordinateur portable deux heures par jour. Ils s'en servent pour faire des exercices de français ou de mathématiques, mais ils l'utilisent aussi pour se tenir au courant de l'actualité.

D'ailleurs, le tremblement de terre qui a ravagé Haïti il y a un an a été suivi par les élèves de la classe de Mme Plourde. Ils en ont profité pour apprendre ce qu'est un tremblement de terre par le biais d'un document vidéo présenté sur un site éducatif.

Le monde des «merveilleux»

Enseignante depuis 1993, cette native et résidente de Louiseville a non seulement la volonté de prendre part à la formation de futurs adultes autonomes, mais elle désire également faire sa part pour leur donner des outils afin de développer leur estime de soi.

C'est pour cette raison que lorsqu'on entre dans sa classe, on entre dans le monde des «merveilleux». Les «merveilleux» sont en fait toutes les personnes qui s'y trouvent, enseignante et élèves.

«C'est une méthode de motivation que j'ai développée il y a environ cinq ans. Ça a commencé à la rigolade; j'appelais mes élèves: le «merveilleux Antoine», par exemple. Mais je me suis rendu compte que ça relevait les épaules des enfants, que c'était bon pour leur estime. On a des enfants qui n'ont pas confiance en eux. Des fois, des enfants ne se font pas dire qu'ils sont bons. Ici, l'enfant trouve sa place.»

Mme Plourde récompense ses élèves autant pour une réponse exacte à une question que pour un bon comportement ou pour avoir rendu service. Ceux-ci peuvent ainsi accumuler des «bonshommes merveilleux» et obtenir des petites récompenses.

Cette approche positive n'est toutefois pas un frein quand vient le temps de faire un peu de discipline.

«Ça ne m'empêche pas de les chicaner des fois! Et le message passe, car ils savent qu'ils viennent de me décevoir. Mais je m'intéresse à eux. On crée un lien avec les enfants. Je me donne le mandat de les valoriser. Ça fait des gens qui se démarquent dans la société par le positif.»

Vous pouvez entendre l'entrevue avec notre Tête d'affiche dans l'émission matinale Chez nous le matin, animée par Frédéric Laflamme, au 96,5 FM, entre 6h et 9h, ainsi que le reportage présenté au Téléjournal Mauricie du dimanche.