Le Nouvelliste 28 octobre 2010
 

Des granules à prix d'or

De gauche à droite: Jeannot Richard de Recyc-Québec, Jean Gattuso, président et chef de la direction chez Lassonde, Yvon Picotte, président de RCM, Santiago Fourcade, d.g. de Tetra Pak Canada, Jean Brodeur, v.-p. aux Communications chez Agropur-Natrel, Pierre Lacoursière, directeur du Bureau d'affaires Mauricie de Développement économique Canada et Michel Camirand, directeur général de RCM.

Photo:Stéphane Lessard

Brigitte Trahan

(Trois-Rivières) Le Groupe RCM a procédé, hier à Yamachiche, à l'inauguration officielle des nouvelles machines qui lui permettent désormais de valoriser les sacs de plastique, les cartons de lait et les emballages multicouches du genre Tetra Pak que la population met dans le bac bleu.

Le projet, déjà annoncé il y a un an, créera à court terme une vingtaine d'emplois.

Lorsqu'il aura atteint son rythme de croisière, d'ici environ trois ans, il pourrait générer deux quarts de travail supplémentaires, signale Michel Camirand, directeur général de RCM. Les nouvelles machines ont démarré en juin dernier.

Hier, les principaux partenaires financiers du Groupe RCM, Tetra Pak, Lassonde, Natrel et Recyc-Québec, qui ont fourni 1 million $ en capital d'amorçage, étaient à l'usine pour la conférence de presse et une visite des nouveaux investissements de 3,5 millions $. Développement économique Canada a annoncé, pour sa part, une contribution remboursable de 413 000 $.

Le projet consolide les 200 emplois offerts par le Groupe RCM, une société sans but lucratif, aux personnes ayant des handicaps physiques ou intellectuels. Une vingtaine de nouveaux emplois seront créés grâce à cette innovation.

L'usine d'Yamachiche a été réaménagée pour accueillir la machinerie sur une superficie de 16 000 pieds carrés.

Les emballages multicouches, les contenants de lait et de jus arrivent en ballots d'un côté et les pellicules de plastique de l'autre. Chaque groupe de matières est acheminé par convoyeur vers deux grands tambours rotatifs dans lesquels elles seront libérées de contaminants comme le métal ou les roches, par exemple.

Des broyeurs vont ensuite les déchiqueter en petits morceaux de quelques millimètres carrés. Les deux groupes d'ingrédients sont ainsi prêts à être acheminés vers un concentrateur.

Par le biais d'un procédé thermocinétique, elles fondent partiellement et forment des boules de pâtes de 25 kilos qui sont ensuite aplaties, refroidies et transformées en granules.

Le produit final est une résine grise pouvant être colorée et utilisée par une foule d'industries pour la fabrication d'objets d'utilité courante comme des pots à fleurs ou des matériaux de construction divers.

Cette nouvelle matière vaut son pesant d'or. RCM trouve preneur à quelque 1200 $ la tonne. C'est énorme si l'on tient compte du fait que les matières brutes telles qu'on les met dans le bac bleu, se vendent en moyenne entre 30 $ et 250 $ la tonne sur les marchés mondiaux.

«Notre objectif est de devenir la référence québécoise et canadienne dans le domaine du recyclage des emballages multicouches et des pellicules de plastique», a déclaré hier le président de RCM, l'ex-ministre Yvon Picotte.

Ce n'est toutefois pas une préoccupation à court terme pour RCM de répandre son expertise ailleurs, explique le directeur général, Michel Camirand.

Ce dernier ne cache toutefois pas que la curiosité se manifeste depuis le lancement, il y a un an. Il y a «de l'intérêt provenant des États-Unis, du reste du Canada et même de l'Europe», dit-il.

Le brevet appartient au Centre de recherche du Québec, mais RCM possède un droit exclusif d'utilisation pour les cinq premières années, précise le directeur général.

Les matières post-consommation utilisées pour fabriquer la résine proviennent de partout au Québec. «On a fait une tournée des centres de tri», raconte M. Camirand. «Mais on va en prendre un peu dans les Maritimes et en Ontario», ajoute-t-il.

D'ici la fin de 2011, le tonnage de matières à transformer en résine devrait se chiffrer à quelque 12 000 tonnes.

Les granules sont actuellement vendues à des recycleurs canadiens. «Il pourrait y avoir des marchés extérieurs, mais pour l'instant, l'intérêt démontré par nos clients potentiels est tel qu'on va commencer par desservir le marché domestique avant de songer à faire de l'exportation»,

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