Le Nouvelliste 12-13 juin 2010

310 enfants sensibilisés à la sécurité à la ferme
Première édition de SÉCURIJOUR en Mauricie

Brigitte Trahan

Yamachiche — La petite Élisabeth Lamy n'oubliera sans doute jamais le jour où elle a mis sa main au mauvais endroit. «J'avais 5 ans quand c'est arrivé», raconte cette jeune résidante de Saint-Sévère qui a aujourd'hui 8 ans.


PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS
L'activité la plus impressionnante fut l'effet d'une tondeuse sur un gant rempli de saucisses.
 

Curieuse et désireuse d'aider sur la ferme familiale, elle a reçu accidentellement de l'eau bouillante sur la main alors que son père était en train d'en verser dans le lait destiné aux petits veaux pour le réchauffer.

Une visite à l'hôpital et des pansements pendant deux semaines ont fort heureusement vite fait de faire disparaître toute trace de cette blessure douloureuse, mais Élisabeth a été chanceuse dans sa malchance. Selon le Programme canadien de surveillance des blessures en milieu agricole, entre 1990 et 2000, 171 enfants de 0 à 14 ans ont trouvé la mort à la suite d'un accident de ferme. Pas moins  de 64,1 % de ces accidents étaient  liés à de la machinerie, tout particulièrement aux tracteurs.

Pas moins de 310 enfants de la maternelle à la 6e année des écoles de Yamachiche et Saint-Léon-le-Grand, qui comptent aussi des enfants de Saint-Sévère, ont été conviés à une journée de sensibilisation à la prévention des accidents de ferme, hier.

Il s'agissait de la toute première édition mauricienne de l'activité SÉCURIJOUR de l'Association canadienne de sécurité agricole.

L'instigatrice du projet est une jeune agricultrice d'Yamachiche qui a grandi sur une ferme et qui est aujourd'hui mère de deux enfants. «Mes jeunes ont eu de petits accidents à la ferme. Moi, j'en ai eu. J'ai un ami qui est décédé d'un accident de ferme à Saint-Léon», raconte-t-elle.

Son conjoint aussi a failli connaître un bien triste sort alors qu'âgé de 19 ans, il a mis le pied près d'une vis sans fin en marche. «Son père a arrêté le tracteur juste à temps. Sa botte de sécurité a fendu et son cap d'acier a traversé la vis sans fin. Il s'en est sorti avec un bleu», raconte-t-elle en espérant que la journée de sensibilisation permette de prévenir de tels drames.

Neuf ateliers étaient donc organisés sur différents aspects de la sécurité, tant à la ferme qu'à la maison, en prévision des vacances d'été qui s'en viennent.

Le plus populaire fut une démonstration éloquente de ce qui se passe avec de petits doigts qui se placent trop près de la tondeuse en marche. Les organisateurs ont en effet rempli un gant de saucisses et ont passé un coup de tondeuse dessus. Les enfants n'avaient pas besoin de beaucoup d'imagination pour comprendre ce qui se serait passé si leur main avait été à la place du gant.

Un autre atelier portait sur les angles morts des tracteurs. Toujours selon l'étude du PCSBMA, la plus grande proportion des accidents mortels sont justement les écrasements, d'où l'importance de cette démonstration.

La Sûreté du Québec était présente pour parler de sécurité à vélo et les pompiers ont aussi enseigné quoi faire en cas d'incendie. Des ateliers de premiers soins, d'hygiène et de comportement face aux outils électriques étaient aussi offerts en rotation aux enfants. Le tout a été complété par une sensibilisation aux personnes en fauteuil roulant.

Il y aura 52 SÉCURIJOURS organisés au Canada, cette année, dont 7 au Québec. À Yamachiche, près de 25 commanditaires et de nombreux bénévoles se sont impliqués pour réaliser cette journée.•


(fermer)