Le Nouvelliste 28-29 novembre 2009

OPINION

La résine de Yamachiche

Ginette Gagnon
ginette.gagnon@lenouvelliste.qc.ca

Dans pas longtemps,on pourrait voir apparaître sur le marché des 2 X 4 faits à base de la nouvelle résine produite à Yamachiche. Ce pourrait être aussi des jouets, des bancs de parc, des litières de chats, des pots de fleurs, des chaises de parterre, des pièces de vélo, etc.

Le Groupe RCM vient de repousser encore plus loin les limites du recyclage en annonçant qu'il a développé une toute nouvelle technologie unique en Amérique, en collaboration avec le Centre de recherche industrielle du Québec, qui lui permettra de fabriquer une nouvelle résine à partir des sacs de magasinage et des contenants Tetra Pak, ces boîtes plastifiées de jus, de lait, de vin, etc. On ne savait pas quoi faire avec ces énormes volumes de matières plastiques-là qui aboutissent à l'enfouissement, elles auront dorénavnat une deuxième vie et même plus puisqu'on nous assure que le nouveau matériau recyclé sera même recyclable.

Encore une fois, la région fait œuvre de pionnier. Souvenez-vous de Normand Maurice, de Victoriaville, qu'on a appelé le père de la récupération, parce qu'il a parti le mouvement au Québec. Souvenez-vous de la petite municipalité de Saint-Etienne-des-Grès qui a eu l'idée d'une régie régionale des déchets et qui a mené la bataille d'expropriation de Waste Management. Une première au Québec il y a près de 20 ans déjà. Et de ce projet a découlé la récupération du biogaz, produit par la décomposition des déchets du terrain d'enfouissement de Saint-Étienne, pour chauffer les serres Savoura. Encore là une première au Québec. Et voilà que le Groupe RCM, partenaire de la Régie, déjà bien implanté dans la récupération, y va d'une autre première avec une nouvelle technologie qui risque d'aller loin et de lui rapporter beaucoup parce qu'il en a les droits et que son procédé a bien des chances d'intéresser l'ensemble du milieu de la récupération.

Groupe RCM n'a évidemment pas inventé la résine. Ce matériau, à base de pétrole, est actuellement utilisé à l'état vierge et il y en a une autre version faite à base de contenants de polyéthylène, mais les deux coûtent plus cher que les granules qui seront produites à Yamachiche à partir de l'an prochain, d'où leur grand potentiel d'intérêt auprès des manufacturiers.

Tout de même impressionnant pour l'usine de Yamachiche, une entreprise à but non lucratif, qui emploie 174 personnes, 60 % des effectifs étant des gens vivant avec des limites physiques ou intellectuelles. Le projet de résine créera même une vingtaine d'emplois additionnels.

On n'arrête pas de nous dire que le recyclage c'est l'industrie de l'avenir, Groupe RCM nous en donne un bel exemple avec cet investissement de 3,5 millions $. Ses dirigeants, autour du président Jean-Guy Doucet, ont fait preuve d'initiative, de vision et de détermination. Chapeau! Et bonne chance.