Le Nouvelliste 9 octobre 2009

La Griffe à Beaudoin

Jean-Marc Beaudoin

Les jeunes et la politique

Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont instruits, ils sont largement engagés dans leur milieu et la petite famille a déjà commencé à prendre forme.

Alors, qu'est-ce qu'ils viennent faire en politique? Tout simplement, changer le monde. Pourquoi pas?

En les écoutant hier midi à la Jeune Chambre de commerce de la Mauricie qui avait organisé en collaboration avec la Table
de concertation des femmes de la Mauricie et le Forum jeunesse Mauricie, un genre de débat visant à mieux faire connaître les jeunes candidats aux élections municipales, on avait l'impression que des choses vont commencer à changer dans la vie municipale.

Bien sûr, il leur faudra en premier lieu remporter leurs élections puis grossir éventuellement leurs rangs afin d'obtenir une masse critique au sein des conseils municipaux pour faire partager davantage leurs visions de la société et parvenir à détenir un poids décisionnel.

Mais on a l'impression que le nouveau discours politique municipal est bel et bien amorcé et qu'on entendra davantage parler dans l'avenir de participation ou de collaboration citoyennes, de consultation, d'investissements durables, d'écologie, d'environnement, de milieu de vie et, pourquoi pas, de conciliation gouvernance-famille.

On s'interroge beaucoup sur un certain cynisme ambiant pour tout ce qui touche à la politique et sur les raisons qui en éloignent de plus en plus les jeunes. Leur participation aux scrutins électoraux reste toujours marginale par rapport à celles de leurs aînés et réduit en conséquence leur influence politique et la nature des décisions qui seront prises. Ce qui ne peut qu'accroître le cynisme des jeunes à l'endroit de la politique.

Plusieurs analyses ont déjà démontré que plus on gagne en âge et plus on exerce son droit de vote. On comprend que les candidats à une élection se précipitent toujours dans les cercles d'âge d'or de leurs secteurs et dans les résidences et foyers pour personnes âgées. Ce sont des milieux électoralement productifs.

Sauf que cela fmit par donner des dirigeants qui se ressemblent quelque part, qui ont des valeurs semblables, des références communes, qu'ils soient adversaires ou pas, et qu'ils pensent leur ville à leur façon. En oubliant que cela ne rejoint pas les attentes, les sensibilités et les valeurs de la partie jeune de la population. C'est peut-être pour cela aussi que les jeunes d'aujourd'hui (disons les moins de 40 ans) choisissent tout simplement de se tenir à l'écart de la politique en général et de la politique municipale en particulier.

C'est vrai que c'est loin d'être évident pour des jeunes de se lancer dans cette galère quand la vie professionnelle est dévorante et qu'il faille s'occuper de sa famille. Et pourtant, certains le font, comme ces quatre jeunes candidats à des postes de conseiller municipal qui expliquaient hier midi le sens de leur démarche alors que leur vie familiale leur donnerait toutes les raisons du monde de se tenir loin de la vie publique.

Sophie Gélinas, qui s'est présentée dans un secteur de Yamachiche, vient d'être élue sans opposition. Si elle avait eu un opposant, il lui aurait fallu mener une campagne électorale alors qu'elle est enceinte. Quand Catherine Dufresne a commencé ce printemps à rencontrer les gens du secteur Sainte-Marguerite, elle était aussi enceinte et a accouché depuis. Elle doit tout de même poursuivre sa campagne avec un nourrisson à la maison. Marie-Claude Camirand, qui se présente dans Chavigny, est aussi mère de deux jeunes enfants et Patrick Lebel, qui tente sa chance dans Pointedu-Lac, est un jeune père de jeune famille.

En plus de leurs responsabilités familiales et des contraintes que cela leur impose, ils ont toutes d'exigeantes carrières professionnelles à assumer. Ils ont quand même décidé de faire le saut en politique. Mais ils ont tous dans leur bagage des implications sociales diverses. Ils ont déjà une conscience sociale qui les pousse à aller plus loin, à oser aller en politique. Ajoutez à cela qu'ils possèdent tous des diplômes universitaires. C'est donc une jeunesse instruite, organisée, plus sûre de ses moyens, sans complexe qui se présente aux portes des électeurs.

C'est l'élite de la jeunesse et avec elle, un désir d'imprimer à la société sa vision des choses. Leur discours politique est différent. Même s'ils sont encore peu nombreux et peu importe leurs succès électoraux, c'est leur discours qui va bientôt prédominer. Pour le mieux.•