Dossier spécial /Aviation
Martine Giguère
Haute voltige
« À une vitesse de 281 km/h, à dix pieds au-dessus le la culture (deux pieds séparent les roues de l'avion de la culture), on se sent un peu comme des hors-la-loi », raconte le pilote Pierre Pellerin. Le pilote spécialisé dans l'épandage aérien, qui a fait son premier vol il y a plus de 3o ans, affirme « il faut un brin de témérité pour être pilote d'épandage aérien ».
Pierre Pellerin est un pilote spécialisé en épandage
aérien. Il travaille dans l'Ouest canadien de la mi-juin
à septembre. Il pilote un Air Tractor 802 muni d'un
moteur à turbine de 1350 HP, qui consomme 324 litres à
l'heure (ses réservoirs ont une capacité de 1720
litres). « La capacité de chargement est de 3320 litres
», souligne le pilote. À une vitesse de 281 km/h, l'avion épand sur une largeur de 30,5 m. Deux pieds séparent les roues de la culture. |
Pierre Pellerin a fait ses débuts au Québec à Sainte-Cécile-de-Milton,
puis a exploité une entreprise d'épandage pendant quelques
années en Mauricie (une flotte de cinq avions), et a travaillé
pour diverses entreprises en Ontario, à Terre-Neuve et aux
États-Unis. Depuis 1998, il quitte le Québec quatre mois par
année pour l'Ouest canadien. « Les superficies dans cette région
justifient l'usage d'épandages aériens, indique-t-il. Par
exemple, lors de la floraison du canota, on lispose de trois
jours pour pulvériser un fongicide. » Difficile l'y arriver sans
l'aide et la rapidité des avions.
Ainsi, de la mi-juin à septembre, Pierre Pellerin survole les
champs de canola, de pomme de terre et de tournesol du Manitoba,
de la Saskatchewan et de l'Alberta. Il épand les fongicides et
insecticides sur des milliers d'hectares (de 14 165 à 19 425
hectares). « Pendant une saison, j'aurai volé entre 350 à 400
heures », mentionne Pierre Pellerin. Il pilote un Air Tractor
8o2 muni d'un système GPS et d'équipements de hautes
technologies.
DES NERFS D'ACIER
« Pour être pilote d'épandage aérien, il faut avoir des nerfs
d'acier », affirme Pierre Pellerin. Un métier où les accidents
sont fréquents et parfois même mortels. « Certains pilotes vont
prendre des risques ou ne pas respecter les règles, comme
décoller avec une charge trop élevée sur une piste trop courte,
prendre des virages trop rapidement », souligne-t-il. En 2000,
ce dernier a un accident : « Je voulais faire un chargement de
plus et, pour aller plus vite, j'ai fait un passage face au
soleil. » Aveuglé, le pilote n'a pas vu que la route était
légèrement surélevée au bout du champ, et les roues de l'avion
ont été arrachées. Heureusement, il n'a eu aucune blessure. Les
pilotes sont payés au nombre d'hectares arrosés et pour certains
tous les moyens sont bons pour effectuer plus de travail. Par
exemple, on ferme encore des routes dans l'Ouest pour permettre
aux pilotes d'atterrir, cela permet de gagner du temps lors du
ravitaillement.
Cet accident a fait réfléchir Pierre Pellerin. Aujourd'hui, il affirme prendre moins de risque. Âgé de 55 ans, ce fou des airs espère voler encore une quinzaine d'années : « Au diable la liberté 55! »