Le Nouvelliste 11 août 2008


Confusion chez certains propriétaires de Yamachiche

Les décisions des propriétaires de4s maisons de briques rouges à Yamachiche sont mnaintenant grandement liées au bon vouloir du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.
Les décisions des propriétaires de4s maisons de briques rouges à Yamachiche sont mnaintenant grandement liées au bon vouloir du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.
Photo: Sylvain Mayer

 

Elizabeth Etienne Morissette
Marineau

Trois-Rivières

Alors que leurs assurances grimpent en flèche, des propriétaires des maisons en briques rouges de Yamachiche se plaignent d'un manque d'information de la part du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

Depuis qu'elle a été classée site historique le 27 juin dernier, ils ont multiplié les démarches pour savoir à quoi s'en tenir en ce qui concerne les travaux de rénovation qu'ils pensent effectuer et aux assurances qu'ils devront payer.

«Ça n'a pas de bon sens, on a un garage encore plus vieux que la maison qui tombe en ruine et c'est rendu qu'il est évalué à 89 000 $. On a fait part au ministère de notre intention de le détruire et ça a tout pris pour avoir une réponse», soutient M. Hould.

Trois représentants du ministère se sont finalement rendus sur les lieux mais n'ont pas pu leur donner l'heure juste.

«On avait une dizaine de questions pour eux et on n'a réussi qu'à avoir deux réponses là-dessus mais seulement plus tard. Ils nous ont répondu par un bout de papier laissé dans notre boîte aux lettres», rajoute Mme Deshaies.

C'est ainsi que les propriétaires ont appris qu'ils allaient devoir reconstruire leur garage dans les mêmes dimensions qu'auparavant et qu'ils étaient tenus de reconstruire la maison si elle était victime d'un sinistre et qu'ils désiraient demeurer à cet endroit.
Le garage de Martin Hould et Nancy Deshaies est maintenant évalué à plus de 89 000$, ce qui fait gonfler leur facture d'assurances.
Le garage de Martin Hould et Nancy Deshaies est maintenant évalué à plus de 89 000$, ce qui fait gonfler leur facture d'assurances.
Photo: Stéphane Lessard


Marie-Josée Dionne, porte-parole du ministère de la Culture, a tenu à préciser que les principales exigences concernant d'éventuels travaux ne concernent que l'extérieur des maisons et qu'elles ne visent qu'à conserver une certaine harmonie entre les résidences de la rue Saint-Anne.

«Ça arrive très souvent qu'il y ait des travaux dans le Vieux-Québec, par exemple. Généralement, tout se passe très bien.»

Elle soutient que les propriétaires n'ont effectivement pas de guide ou de documentation précise lorsque leur maison est classée comme site historique mais qu'une équipe du ministère associée à la Direction régionale est là pour répondre à leurs questions.

Josée Masse a acheté une des 12 maisons de la rue Sainte-Anne il y a moins de deux mois.

Lorsque Le Nouvelliste l'a contactée, elle ignorait que le classement était maintenant rendu officiel.

«Pour les rénovations, tout ce que j'ai reçu, c'est une lettre qui me disait que ça devait conserver son cachet», précise-t-elle.

Tous les propriétaires contactés ont tenu à souligner leur attachement pour ces maisons et leur désir de les conserver comme elles sont.

«C'est pour ça que je l'ai achetée, c'est une fierté d'avoir une maison comme celle-là», affirme Mme Masse.

Certains d'entre eux se sentent pourtant à la remorque des décisions du ministère quant à leur propre terrain.

«Mon voisin m'a confié qu'il ne dormait plus la nuit. Après avoir travaillé toute sa vie pour cette maison, il a l'impression d'en être dépossédé», déclare M. Hould.

Le maire de Yamachiche, Michel Isabelle, n'était pas au courant de ce problème mais il a affirmé vouloir s'informer sur la question et soulever ce point devant le conseil municipal afin que les propriétaires puissent trouver facilement de l'assurance pour leurs résidences et des réponses à leurs questions.


Difficile de s’assurer

Nancy Deshaies et Marin Hould ont dû changer d’assureur lorsqu’ils ont reçu l’avis d’intention de classement.

«Notre assureur nous a avoué qu’il n’avait pas les reins assez solides pour faire face à une telle assurance. Il nous a aussi dit que les démarches étaient trop encombrantes avec le ministère.»

Avant de recevoir cet avis, ils payaient 865 $ par année pour assurer leur demeure.

Lorsqu’ils ont reçu l’avis d’intention, ce montant est passé à 1435 $ et leur assureur leur a dit qu’il aurait été de 2033 $ si elle avait été classée site historique à ce moment-là.

L’an prochain, ils s’attendent à payer beaucoup plus que ce montant.

Leur voisine, Josée Masse, soutient elle aussi avoir eu beaucoup de difficulté à trouver une compagnie qui voudrait l’assurer en entier.

Seule la compagnie Promotuel a accepté de la couvrir à 100 %.

Selon quelques assureurs de la région, les principales raisons de refuser d’assurer ce genre de maison sont la difficulté d’évaluer les coûts de reconstruction avec les matériaux d’origine ou des matériaux de remplacement et les règlements municipaux reliés aux droits acquis.

Pour l’instant, aucune aide financière de la municipalité et du ministère n’est prévue pour ce qui est des assurances mais les propriétaires ont droit à une aide gouvernementale pour payer près de la moitié de leurs taxes foncières et de 20 % à 40 % de leurs frais de rénovations et de travaux.•

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