Le Nouvelliste 2 juillet 2008

ÉDITORIAL

Les belles de Yamachiche

Ginette Gagnon

La nouvelle était attendue depuis longtemps: les douze belles résidences de brique rouge, rue Sainte-Anne, à Yamachiche, sont désormais inscrites à tout jamais au Registre des biens culturels du Québec à titre de site historique. Tout un honneur pour la communauté locale.

L'issue de cette demande de classement ne faisait franchement pas de doute. Il s'agit d'un ensemble unique de maisons d'époque construites avec les briques d'une ancienne usine locale dans la seconde moitié du 19e siècle. Pas besoin d'être architecte ou historien pour constater du premier coup d'oeil, lorsqu'on passe devant cette série de résidences anciennes, sur le Chemin du Roy, qu'on a affaire à quelque chose de vraiment spécial, de rare. Ces résidences ne sont pas toutes de la même facture architecturale; certaines relèvent de l'esprit québécois, d'autres de l'influence victorienne ou encore états-unienne, mais par la magie
de leur brique commune, de leur complicité de voisinage et de leur intégrité historique, elles ont réussi à former un tout qui n'est pas autre chose qu'une belle page d'histoire de Yamachiche reconnue officiellement maintenant par le gouvernement du Québec comme un site historique.

Il est arrivé dans le passé que des communautés ou des familles décident de préserver, aux fins de l'histoire et du patrimoine, une maison ayant des caractéristiques particulières, mais ce qui impressionne, à Yamachiche, c'est qu'on parle bien de 12 résidences en enfilade. On parle de 12 maisons qui abritaient autrefois l'élite locale, et qui ont été transmises aux générations suivantes sans que ces dernières ne succombent aux modes du jour et en altèrent la facture architecturale d'origine. Il s'agit donc d'un cordon de fierté qui s'échelonne sur plusieurs générations. On parle de propriétaires qui étaient, depuis 150 ans, tellement fiers de leurs maisons qu'ils en ont pris un soin jaloux et ont eu à coeur d'en conserver la personnalité architecturale. La reconnaissance qui échoit aujourd'hui à Yamachiche est donc aussi, en quelque sorte, un hommage à tous ces gens qui avaient depuis longtemps conscience de la valeur du patrimoine bâti et l'avait inscrit dans le coeur et dans la mémoire.•

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