Ça Parle au Diable 31 mai 2008

L'abbé Roger Isabelle: L'homme qui parle de Dieu, d'espoir et d'amour depuis cinquante ans.

Une collaboration spéciale de Michel Neveu

Dans deux semaines — plus précisément le 13 juin — l'abbé Isabelle célébrera son jubilé en tant que serviteur de l'Église catholique romaine. Compte rendu d'un entretien portant sur le parcours de vie d'un homme de foi et de conviction profonde.

Roger Isabelle est l'homme de deux passions: la terre et le Ciel. Il aurait pu devenir cultivateur comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père. Il aurait alors aimé prendre épouse et fonder une famille. Il a choisi de devenir Berger pour s'occuper des brebis de Dieu.




LA PASSION DE LÀ TERRE
L'Abbé Roger Isabelle photographié en 2008
L'Abbé Roger Isabelle
photographié en 2008


Rien ne laissait présager que le fils  aîné d'Éliane et Philias Isabelle consacrerait sa vie à exercer ce noble métier. Entouré de soeurs, le jeune garçon passait tout son temps libre avec son papa. Il l'observait et le questonnait sur l'art de devenir agriculteur. Il montrait des signes encourageant à tous ceux  qui le côtoyaient, et particulièrement à son père qui rêvait sans doute en silence de le voir  prendre la relève plus tard. Le jeune Roger aimait le travail à la ferme; il n'avait pas les  mêmes sentiments à l'endroit de l'école. Il était bien d'un tempérament docile mais il n'était pas studieux. L'école était un mal nécessaire: il n'était pas utile de lui consacrer trop d'énergie et de temps. Comme la chose scolaire ne l'intéressait pas, il étudiait peu et  avait des résultats académiques en conséquence. Il était sur le point de très mal finir sa 7e année quand "sa" maîtresse d'école croisa ses parents à l'église le jour de Pâques. Elle les avisa que, selon toute évidence, Roger ne serait pas en mesure de réussir les examens de certification du Département de l'Instruction publique de fin d'année. Il pourrait peut-être s'en sauver s'il acceptait de rester après l'école pour faire ses devoirs et apprendre ses leçons jusqu'à la fin de l'année. Ces quelques mois de travail supervisé eurent des effets bénéfiques : Roger finit le premier de sa classe tout en développant un goût pour l'étude qu'il conservera toute sa vie. Comme son père avait lui-même complété sa 9e année, il allait de soi que son fils atteigne au moins ce niveau avant de consacrer sa vie à l'élevage d'animaux et à la grande culture. Il entreprit donc ses études "avancées", comme pensionnaire à l'école de Yamachiche, son village natal. En cours d'année, il fit part à son père de son grand désir de fréquenter le Séminaire de Trois-Rivières. Bien qu'il caressait le rêve de voir son fils oeuvrer à ses côtés avant de prendre la relève, Philias Isabelle -sans doute le coeur brisé — donna son aval à ce projet.

L'Abbé Isabelle officiait ici sa première messe il y a déjà de ça 50 ans
L'Abbé Isabelle officiait ici sa première
messe il y a déjà de ça 50 ans
Roger s'avéra un étudiant irréprochable et remarquable. Il excellait dans presque toutes les matières. " J'avais un peu plus de misère en français mais ça allait bien en mathématiques, en physique, en chimie... et tous les autres cours !" II pratiqua des sports comme la balle molle et le jeu de paume mais c'est surtout comme arbitre au hockey et à la balle qu'il se signala. Généreux, désireux de partager son savoir, il n'hésitait pas à "jouer au professeur" auprès de certains collègues un peu moins talentueux que,lui. Son amour de la terre ne se démentait pas pour autant. À la fin des classes, il rentrait à la maison pour seconder son père. Je le crois sur parole quand il me confie que ce n'était pas un sacrifice pour lui. C'est en Versification qu'il pense à la prêtrise pour la première fois. Ce n'est que quatre ans plus tard, en Philo II, qu'il fit part à ses parents et à ses proches de sa décision de consacrer sa vie au service de Dieu et des hommes. Après des études en théologie, il fut ordonné prêtre le 13 juin 1958 par Mgr Georges-Léon Pelletier en la paroisse Saint-Philippe de Trois-Rivières.


LA PASSION DU CIEL
"En recevant le sacrement de l'ordre, j'étais pleinement conscient du rôle que je serais appelé à jouer pour le reste de mes jours. Je devenais un pédagogue de l'Évangile, je devenais en quelque sorte un porte-parole de la doctrine du salut par Jésus-Christ mort pour la rédemption de l'humanité. Et comme les brebis auprès des quels j'aurais à intervenir étaient toutes distinctes les unes des autres, je savais que j'aurais à faire appel à des méthodes et à des stratégies diversifiées pour que mon message de paix et d'amour soit bien compris et bien accueilli. " Et, sans qu'il le dise, j'ai compris que l'abbé Roger a rapidement souscrit à une démarche d'auto formation continue, notamment par le biais de la lecture de revues, périodiques et de magasines populaires et spécialisés. Pratique qu'il a conservé jusqu'à ce jour.

Entre 1958 et 1967, l'abbé Isabelle occupa des vicariats à Saint-Narcisse, à Trois-Rivières et à Maskinongé. En même temps qu'il était vicaire à ce dernier endroit, il agit comme aumônier-professeur à l'École desMétiers de Louiseville. Faut croire que le jeune abbé a bien fait les choses auprès de la clientèle étudiante car l'Évêché lui demanda d'aller se perfectionner en catéchèse parce
qu'on avait décidé de lui confier le poste d'animateur de la pastorale dès que la Polyvalente de Louiseville ouvrirait ses portes à l'automne 1969. Roger adora son séjour à Québec. " J'ai littéralement refait toute ma théologie. Quel ressourcement! Vous pouvez vous imaginer que je pétais le feu quand je suis arrivé à L'Escale." Pour conserver cette fougue, il décida de faire de l'activité:au cours des quinze années suivantes, il fera de la course à pieds trois fois par semaine. "Cinq milles à chaque fois!, me lance-t-il avec une pointe de fierté.

Il fallait qu'il soit en forme car, en 1975, l'Évêque lui demande de prendre lacure de Saint-Édouard tout en poursuivant son travail d'animateur. " J'étais vigoureux, j'avais la santé, j'étais donc capable de cumuler les deux boulots. Mais, je n'ai jamais fait de compromis sur les vacances.J'ai toujours
mes quatre semaines de Vacances pour me permettre de refaire le plein. Cette double mission se termina en 1983. Je devins alors le curé de Saint-Boniface, un village pas mal plus populeux. Là comme ailleurs, je me suis donné à fond pour porter la parole du Christ. Comme mon médecin m'avait fortement recommandé d'abandonner la course à cause de son caractère exigeant pour des articulations vieilles de cinquante ans, je me suis aussitôt inscrit à la piscine du CEGEP de Shawinigan. Je fais de "l'aquaforme" de 7h30 à 8h30 trois matins par semaine depuis maintenant 25 ans. Ça m'aide à garder mon corps alerte! " Il faut présumer que son mode de vie était adéquat et que sa santé était bonne puisque que l'Évêque lui demandait en 1989 d'ajouter Saint-Sévère à son agenda pastoral! II a cessé son ministère à Saint-Sévère en 1996. Une année plus tard, il fut obligé de laisser la cure de Saint-Boniface pour cause de maladie. L'abbé Isabelle avait perdu la voix... mais non sa voie!!! Il reprit du collier en 1998 comme animateur de pastorale au CHSLD du Centre Mauricie et depuis 2003, il agit comme prêtre collaborateur à La Tuque et dans cinq communautés environnantes. Quand ce parcours arrivera-t-il à son terme? Il n'y pense même pas car tout va bien pour lui, à tous les niveaux. Il est en santé et il aime tellement ce qu'il fait. Je n'ai aucune difficulté à le croire sur parole. L'homme qui est devant moi est heureux, serein de pouvoir continuer à poser "sa pierre" à la cathédrale de l'Église. "Je ne pense nullement à la retraite. Dans le fond, j'aimerais connaître une fin d'itinéraire exactement comme celui de Jean-Paul II."

Monsieur l'abbé, je me permets de vous le souhaiter mais, de grâce, pas pour tout de suite! Vous avez sûrement encore plein de projets à réaliser comme homme de Dieu. Alors, donnez-vous le temps, voulez-vous?

GENS DE YAMACHICHE
ET DES ENVIRONS

Vous êtes invités à assister à une célébration eucharistique présidée par
Mgr Martin Veinette, évêque du diocèse de Trois-Rivières, samedi 14 juin 2008
à l'église Sainte-Anne de Yamachiche pour souligner le cinquantième de vie
sacerdotale de l'abbé Roger Isabelle.

Immédiatement après la cérémonie, le jubilaire se fera un plaisir de saluer
celles et ceux qui le désirent.

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