Rien ne laissait présager que le fils aîné d'Éliane et Philias
Isabelle consacrerait sa vie à exercer ce noble métier. Entouré de
soeurs, le jeune garçon passait tout son temps libre avec son papa. Il
l'observait et le questonnait sur l'art de devenir agriculteur. Il
montrait des signes encourageant à tous ceux qui le côtoyaient, et
particulièrement à son père qui rêvait sans doute en silence de le voir
prendre la relève plus tard. Le jeune Roger aimait le travail à la
ferme; il n'avait pas les mêmes sentiments à l'endroit de l'école.
Il était bien d'un tempérament docile mais il n'était pas studieux.
L'école était un mal nécessaire: il n'était pas utile de lui consacrer
trop d'énergie et de temps. Comme la chose scolaire ne l'intéressait
pas, il étudiait peu et avait des résultats académiques en
conséquence. Il était sur le point de très mal finir sa 7e année quand
"sa" maîtresse d'école croisa ses parents à l'église le jour de Pâques.
Elle les avisa que, selon toute évidence, Roger ne serait pas en mesure
de réussir les examens de certification du Département de l'Instruction
publique de fin d'année. Il pourrait peut-être s'en sauver s'il
acceptait de rester après l'école pour faire ses devoirs et apprendre
ses leçons jusqu'à la fin de l'année. Ces quelques mois de travail
supervisé eurent des effets bénéfiques : Roger finit le premier de sa
classe tout en développant un goût pour l'étude qu'il conservera toute
sa vie. Comme son père avait lui-même complété sa 9e année, il allait de
soi que son fils atteigne au moins ce niveau avant de consacrer sa vie à
l'élevage d'animaux et à la grande culture. Il entreprit donc ses études
"avancées", comme pensionnaire à l'école de Yamachiche, son village
natal. En cours d'année, il fit part à son père de son grand désir de
fréquenter le Séminaire de Trois-Rivières. Bien qu'il caressait le rêve
de voir son fils oeuvrer à ses côtés avant de prendre la relève, Philias
Isabelle -sans doute le coeur brisé — donna son aval à ce projet.
L'Abbé Isabelle officiait ici sa première
messe il y a déjà de ça 50 ans |
Roger s'avéra un étudiant irréprochable et remarquable. Il
excellait dans presque toutes les matières. " J'avais un peu
plus de misère en français mais ça allait bien en mathématiques,
en physique, en chimie... et tous les autres cours !" II
pratiqua des sports comme la balle molle et le jeu de paume mais
c'est surtout comme arbitre au hockey et à la balle qu'il se
signala. Généreux, désireux de partager son savoir, il
n'hésitait pas à "jouer au professeur" auprès de certains
collègues un peu moins talentueux que,lui. Son amour de la terre
ne se démentait pas pour autant. À la fin des classes, il
rentrait à la maison pour seconder son père. Je le crois sur
parole quand il me confie que ce n'était pas un sacrifice pour
lui. C'est en Versification qu'il pense à la prêtrise pour la
première fois. Ce n'est que quatre ans plus tard, en Philo II,
qu'il fit part à ses parents et à ses proches de sa décision de
consacrer sa vie au service de Dieu et des hommes. Après des
études en théologie, il fut ordonné prêtre le 13 juin 1958 par
Mgr Georges-Léon Pelletier en la paroisse Saint-Philippe de
Trois-Rivières. |
LA PASSION DU CIEL
"En recevant le sacrement de l'ordre, j'étais pleinement conscient du
rôle que je serais appelé à jouer pour le reste de mes jours. Je
devenais un pédagogue de l'Évangile, je devenais en quelque sorte un
porte-parole de la doctrine du salut par Jésus-Christ mort pour la
rédemption de l'humanité. Et comme les brebis auprès des quels j'aurais
à intervenir étaient toutes distinctes les unes des autres, je savais
que j'aurais à faire appel à des méthodes et à des stratégies
diversifiées pour que mon message de paix et d'amour soit bien compris
et bien accueilli. " Et, sans qu'il le dise, j'ai compris que l'abbé
Roger a rapidement souscrit à une démarche d'auto formation continue,
notamment par le biais de la lecture de revues, périodiques et de
magasines populaires et spécialisés. Pratique qu'il a conservé jusqu'à
ce jour.
Entre 1958 et 1967, l'abbé Isabelle occupa des vicariats à
Saint-Narcisse, à Trois-Rivières et à Maskinongé. En même temps qu'il
était vicaire à ce dernier endroit, il agit comme aumônier-professeur à
l'École desMétiers de Louiseville. Faut croire que le jeune abbé a bien
fait les choses auprès de la clientèle étudiante car l'Évêché lui
demanda d'aller se perfectionner en catéchèse parce
qu'on avait décidé de lui confier le poste d'animateur de la pastorale
dès que la Polyvalente de Louiseville ouvrirait ses portes à l'automne
1969. Roger adora son séjour à Québec. " J'ai littéralement refait toute
ma théologie. Quel ressourcement! Vous pouvez vous imaginer que je
pétais le feu quand je suis arrivé à L'Escale." Pour conserver cette
fougue, il décida de faire de l'activité:au cours des quinze années
suivantes, il fera de la course à pieds trois fois par semaine. "Cinq
milles à chaque fois!, me lance-t-il avec une pointe de fierté.
Il fallait qu'il soit en forme car, en 1975, l'Évêque lui demande de
prendre lacure de Saint-Édouard tout en poursuivant son travail
d'animateur. " J'étais vigoureux, j'avais la santé, j'étais donc capable
de cumuler les deux boulots. Mais, je n'ai jamais fait de compromis sur
les vacances.J'ai toujours
mes quatre semaines de Vacances pour me permettre de refaire le plein.
Cette double mission se termina en 1983. Je devins alors le curé de
Saint-Boniface, un village pas mal plus populeux. Là comme ailleurs, je
me suis donné à fond pour porter la parole du Christ. Comme mon médecin
m'avait fortement recommandé d'abandonner la course à cause de son
caractère exigeant pour des articulations vieilles de cinquante ans, je
me suis aussitôt inscrit à la piscine du CEGEP de Shawinigan. Je fais de
"l'aquaforme" de 7h30 à 8h30 trois matins par semaine depuis maintenant
25 ans. Ça m'aide à garder mon corps alerte! " Il faut présumer que son
mode de vie était adéquat et que sa santé était bonne puisque que
l'Évêque lui demandait en 1989 d'ajouter Saint-Sévère à son agenda
pastoral! II a cessé son ministère à Saint-Sévère en 1996. Une année
plus tard, il fut obligé de laisser la cure de Saint-Boniface pour cause
de maladie. L'abbé Isabelle avait perdu la voix... mais non sa voie!!!
Il reprit du collier en 1998 comme animateur de pastorale au CHSLD du
Centre Mauricie et depuis 2003, il agit comme prêtre collaborateur à La
Tuque et dans cinq communautés environnantes. Quand ce parcours
arrivera-t-il à son terme? Il n'y pense même pas car tout va bien pour
lui, à tous les niveaux. Il est en santé et il aime tellement ce qu'il
fait. Je n'ai aucune difficulté à le croire sur parole. L'homme qui est
devant moi est heureux, serein de pouvoir continuer à poser "sa pierre"
à la cathédrale de l'Église. "Je ne pense nullement à la retraite. Dans
le fond, j'aimerais connaître une fin d'itinéraire exactement comme
celui de Jean-Paul II."
Monsieur l'abbé, je me permets de vous le souhaiter mais, de grâce,
pas pour tout de suite! Vous avez sûrement encore plein de projets à
réaliser comme homme de Dieu. Alors, donnez-vous le temps, voulez-vous?
GENS DE
YAMACHICHE
ET DES ENVIRONS
Vous êtes invités à assister à une célébration eucharistique
présidée par
Mgr Martin Veinette, évêque du diocèse de Trois-Rivières, samedi
14 juin 2008
à l'église Sainte-Anne de Yamachiche pour souligner le
cinquantième de vie
sacerdotale de l'abbé Roger Isabelle.
Immédiatement après la
cérémonie, le jubilaire se fera un plaisir de saluer
celles et ceux qui le désirent.
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