Le Nouvelliste 16 janvier 2008

Les stocks de perchaudes du lac Saint-Pierre 
en chute libre
Pierre Magan et André Thibault
Pierre Magnan, titulaire de la Chaire de recherche en écologie des eaux douces de l'UQTR et
responsable du comité scientifique sur la perchaude et André Thibault, président du comité conjoint sur la perchaude.
Photo: Sylvain Mayer
 
Brigitte Trahan
Trois-Rivières
Les scientifiques croyaient avoir une bonne nouvelle à annoncer en ce début d'année 2008. 
Leurs modèles mathématiques prévoyaient en effet que les mesures mises en place par 
le plan de gestion de 2005 pour réduire la mortalité des perchaudes par la pêche fassent 
remonter les stocks de 40 % au lac Saint-Pierre.
L'analyse des plus récentes données indiquent au contraire que la ressource a plutôt chuté de 40 %, 
raconte Pierre Magnan, titulaire de la Chaire de recherche en écologie des eaux douces à l'UQTR et 
responsable du comité scientifique du Comité conjoint sur la perchaude.

Ce comité, qui réunit le Mapaq, l'Association des pêcheurs commerciaux du lac Saint-Pierre, 
les transformateurs, le MRNF, l'Aire faunique communautaire, la Fédération de la Faune du Québec et l'UQTR, 
a pris connaissance du plus récent bilan de la situation le 18 décembre dernier.

André Thibault de l'UQTR, qui assume la présidence de ce comité, a donc immédiatement entrepris de rencontrer 
les personnes et les groupes qui sont touchés de près ou de loin par cette situation. 

"Je rencontre séparément les groupes pour dégager ce que chacun peut faire", explique-t-il.

La situation se résume bien simplement. Il faudra prendre des mesures draconiennes pour éviter le pire et 
tout le monde devra mettra la main à la pâte.

"On ne veut pas vivre le cas de la morue", signale M .Thibault en parlant de l'effondrement irrémédiable subit 
par cette espèce dans les années 1990 en raison notamment de la surpêche.

"En bas d'un certain seuil, ce n'est plus possible de remonter. Le taux de rencontres entre les reproducteurs 
est trop faible et pendant qu'un stock est très bas, il y a d'autres espèces qui prennent la place. 
Après cela, ils ne sont plus capables de remonter", explique Pierre Magnan, responsable de la partie scientifique 
du comité Thibault.

Actuellement, il n'est pas trop tard pour agir, mais "on pense qu'on est juste à temps", signale le chercheur.

"Il y a urgence d'agir", insiste M. Thibault qui estime que les vieux débats n'ont plus leur place à ce stade-ci. 
"Si on n'agit pas et qu'on se chicane sur la quai de la gare, le train va passer."

"Il est certain qu'il y aura une action drastique", prévient Pierre Magnan "et ça, je pense que tout le monde 
s'y attendait." On parle ici de coupures majeures dans les prélèvements dont la quantité reste 
encore à être dévoilée.

"La dernière fois, le ministère a un peu modulé nos recommandations. On pensait qu'on avait une marge de gestion 
de risque. On sait très bien que le pourvoyeur a besoin d'un certain volume pour que ce soit payant et 
que le pêcheur commercial, s'il n'a pas un certain volume, ça ne vaut plus la peine. Tout le monde a essayé 
de préserver ces intérêts-là", rappelle M. Thibault.

Cette fois-ci, prévient le comité, la marge de manoeuvre est nettement moins grande.

Pierre Magnan lance un avertissement sévère, mais bien étayé par la recherche scientifique, à l'effet que tout 
dépassement des maximums de prélèvements qui seront bientôt recommandés et l'absence de protection 
de la reproduction "pourraient compromettre la pêche future. Ça pourrait nous amener au point de non-retour."

"La communauté a un défi majeur à relever", enchaîne André Thibault. "C'est un défi collectif, quel que soit 
l'intérêt autour de ça. Là. On dépasse le niveau des intérêt particuliers. C'est notre verglas à nous", 
illustre-t-il.

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