Le Nouvelliste 16 janvier 2008

De l'espoir à condition d'y mettre beaucoup d'efforts
Brigitte Trahan
brigitte.trahan@lenouvelliste.qc.ca
Trois-Rivières — Il a suffit que les stocks de perchaudes s'effondrent, en 1995, pour que les accusations 
commencent à fuser de toutes parts. Si certains ont mis la faute sur les cormorans, grands consommateurs 
de poissons, d'autres ont pointé du doigt la pêche commerciale. Les actions sévères qui seront prises dès 
l'ouverture de la pêche printanière, cette année, pour sauver la perchaude, ne s'inscrivent toutefois pas 
dans ce genre de débat, insiste le président du comité conjoint sur la perchaude, André Thibault. 
«On n'est pas de cette guerre-là», dit-il.

«S'il y a des coupures , il faut qu'elles soient équitables», précise de son côté le responsable scientifique 
du comité, Pierre Magnan. 

«Le situation est assez dramatique pour que tout le monde soit touché. 
L'objectif, ce n'est pas d'avoir un gagnant. Moi, je n'arbitre pas un combat de boxe», ajoute M. Thibault. 
«Dans la recommandation, tout le monde est touché», dit-il. Et c'est le comité qui va décider comment sera réparti 
le tonnage qu'on peut encore prélever sans causer dé risques pour la ressource.

C'est l'intérêt de la perchaude qui doit maintenant primer, estiment les deux responsables du comité.
Le professeur Magnan signale que les causes de l'effondrement de la perchaude au début des années 1990 
et la difficulté qu'éprouve l'espèce à remonter la côte sont nombreuses et complexes. Le phénomène, 
explique-t-il, n'est d'ailleurs pas unique au lac Saint-Pierre. Études à l'appui, le chercheur démontre que 
le effondrement des stocks de perchaudes est survenu dans d'autres provinces canadiennes et aux États-Unis 
exactement à la même période qu'au lac Saint-Pierre. «On n'a pas fait pire et on n'a pas fait mieux que les autres», 
précise-t-il.

Un espoir
Bien que l'état des stocks de perchaude ne se soit pas amélioré depuis les mesures de 2005, Pierre Magnan explique 
des actions plus sévères pourraient porter fruit.

Au lac Érié et au lac Michigan, où la perchaude a aussi connu un effondrement marqué, des résultats fort intéressants 
ont en effet été obtenus en resserrant les mesures de protection de la ressource, explique le professeur Magnan.

Au lac Michigan, par exemple, les quotas de pêche commerciale ont été réduits par un facteur de trois en 1995, 
puis la pêche commerciale a finalement été fermée -et l'est toujours - depuis 1996. Pour ce qui est de la pêche 
sportive, elle est fermée au printemps au Wisconsin et en juillet en Illinois et des limites de capture ont été imposées.

Au lac Érié, les quotas de la pêche commerciale ont été réduits par un facteur de cinq tandis que du côté de la pêche sportive, 
des limites du nombre de captures et de taille ont été imposées. Depuis, la ressource a commencé à donner des signes 
encourageants de récupération, constate Pierre Magnan: Certes, il s'agit là de mesures sévères, mais qui sont en train 
de permettre un retour à des prélèvements plus intéressants dans le futur, analyse-t-il.

«Au lac Saint-François et au lac Saint-Louis, qui se déversent dans le fleuve Saint-Laurent, (les stocks de perchaude) 
n'ont pas baissé en 1996 et 2004», constate le professeur Magnan. «Au lac Saint-Pierre, on a une exploitation qui est 
assez intense qu'on pensait en équilibre avec le stock, mais ça a diminué», dit-il. L'exploitation de la ressource est 
la seule cause de ce phénomène sur lequel on a de l'emprise, plaide le professeur Magnan.•

 

(fermer)