Le Nouvelliste 13 décembre 2006


Le déversement d’hydrocarbures dans le lac Saint-Pierre a des conséquences pour le pourvoyeur Claude Desaulniers (ci-haut) qui habituellement, en début de saison, installe ses cabanes dans la baie de Yamachiche. De peur que sa clientèle boude l’endroit en raison du déversement, il a décidé d’installer ses cabanes dans une autre baie, située non loin de là.
Photo: Stéphane Lessard

DÉVERSEMENT DANS LE LAC SAINT-PIERRE

Les pêcheurs inquiets

Marie-Eve Lafontaine
Yamachiche

"C'est une inquiétude terrible." Claude Desaulniers craint que le déversement dans le lac Saint-Pierre fasse fuir sa clientèle. Chaque année, il installe ses cabanes dans la baie de Yamachiche où 20 000 litres d'hydrocarbures se sont écoulés lundi soir.

"On est inquiet. Ce n'est pas une bonne publicité pour la pêche et je ne sais pas les impacts que ça peut avoir. Il y a plein de gens qui m'appellent parce qu'ils sont inquiets. Ils se demandent si les poissons sont attaqués, s'il va y avoir de la pêche. C'est vraiment déplorable ce qui arrive", souligne-t-il.

Pour rassurer ses clients, il a d'ailleurs décidé de prendre les grands moyens. Il va installer ses cabanes à un autre endroit, soit à environ un kilomètre en amont dans une autre baie.

"C'est un autre site de pêche qui est également très bien", explique-t-il. De plus, dès aujourd'hui, il va prendre des échantillons de glace, et il va personnellement les faire analyser pour s'assurer que les autorités environnementales ont bel et bien contenu le mazout qui s'est retrouvé dans le lac Saint-Pierre.

«Il y a plein de gens qui m'appellent parce qu'ils sont inquiets. Ils se demandent si les poissons sont attaqués, s'il va y avoir de la pêche. C'est vraiment déplorable ce qui arrive.»
— Claude Desaulniers

«On va suivre tout ça de très près», assure-t-il.

Tout ce chambardement va lui occasionner certains frais. Il envisage d'envoyer la facture aux responsables du déversement, mais ce n'est encore qu'une vague possibilité.

«Ça va me coûter des frais, mais on va s'assurer que la pêche est bonne», lance-t-il.

À l'Association des pêcheurs commerciaux du lac Saint-Pierre également, il y a une certaine nervosité.

Le président de l'Association, Roger Michaud, espère que ce malheureux accident n'aura pas de conséquences.

«Ça nous inquiète toujours un peu. Même si le ministère dit qu'il prend toutes les précautions, on n'est jamais rassuré à 100 %. Ce n'est pas moi qui vais plonger pour voir s'il en reste quand ils vont avoir fini de nettoyer», lance-t-il.

Ce dernier mentionne que cet endroit abrite une frayère. Il craint que du mazout demeure au fond de l'eau malgré les efforts déployés par le ministère de l'Environnement pour le récupérer.

«Ce sont les poissons qui vivent au fond. Il y a aussi des canards, les outardes et les oies qui vont être pris avec ça au printemps prochain», s'inquiète M. Michaud.

L'année 2006 est d'ailleurs à oublier sur le plan environnemental puisque c'est le deuxième déversement qui se produit dans les environs.
Rappelons que le 4 juin dernier, le déraillement d'un train du CN s'était produit à Charette. Environ 200 000 litres d'essence et de diesel s'étaient déversés dans la rivière du Loup.

M. Michaud va s'informer attentivement sur les opérations de nettoyage. «On suit le dossier de très près. On va mieux voir l'été prochain s'il y a des conséquences.»

À la Coopérative de solidarité de la Réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre, on ne s'inquiète pas outre mesure de cet incident.
«Les oiseaux migrateurs ne sont plus là. On n'est pas en période de fraie des poissons, et ce n'est pas très étendu. On est mieux comme ça que si on était en pleine migration d'automne ou de printemps. Selon moi, c'est pas mal moins pire que le déversement à Charette», estime M. Christian Hart, président de la Coopérative.

«Ça fait juste démontrer qu'une autoroute, ça ne va pas sur le bord d'un plan d'eau comme le lac Saint-Pierre», ajoute-t-il.

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