Fidèle à sa tradition, la Caisse Desjardins de l'Ouest de la
Mauricie recevait à un souper reconnaissance des gens
impliqués dans leur milieu, représentants d'organismes
communautaires, culturels, sportifs, municipaux et autres,
le 5 décembre dernier, à La Porte de la Mauricie.
Plus de 200 personnes ont assisté à cette activité où la
fraternité était mise bien en évidence. Cette rencontre a
permis aux participants d'échanger, de dialoguer avec les
gens de la Caisse Desjardins de l'Ouest de la Mauricie, son
président, M. Jean Chevalier, son directeur-général, M.
Jacques Duranleau de même qu'avec le personnel des divers
centres de service de l'institution financière.
Cette belle réunion a aussi permis d'entendre une conférence
donnée par une personnalité bien connue, non seulement au
Québec mais partout à travers la planète, l'athlète en
fauteuil roulant Chantal Petitclerc. Une conférence au cours
de laquelle on pouvait entendre voler une mouche…
Son histoire… Son accident…
Chantal Petitclerc, native de Saint-Marc-des-Carrières
(le 15 décembre 1969), a raconté comment était survenu
l'accident qui devait la priver de ses jambes alors qu'elle
était âgée de 13 ans seulement, alors qu'une immense porte
de grange qu'elle tenait à bout de bras lui est tombée
dessus pendant qu'elle attendait un compagnon avec qui elle
devait monter un tremplin leur permettant d'exécuter des
prouesses en BMX. L'accident est survenu à Rivière Blanche,
en 1982.
Cet accident qui la rendait paraplégique représentait un
tournant majeur dans sa vie. « Je savais que ma vie ne
s'arrêterait pas et que je devrais prendre une nouvelle
direction », de dire Chantal Petitclerc, dont l'humour a
plus d'une fois déclenché les rires chez les quelque 200
personnes qui l'écoutaient religieusement raconter sa
palpitante histoire.
« Tout le monde dans mon entourage s'est alors impliqué pour
faire en sorte que l'école soit adaptée à mes nouvelles
conditions de vie, en fauteuil roulant », précise cette
athlète internationale.
Le professeur d'activité physique à l'école secondaire que
fréquentait Chantal a eu une influence déterminante sur
celle-ci. Gaston Jacques l'a convaincue de s'adonner à la
natation pour développer sa force physique et sa résistance.
« Je n'avais jamais été très sportive avant mon accident.
Gaston m'a persuadée de m'entraîner à nager juste avec les
bras. Je l'ai écouté et j'ai alors réalisé que je pouvais
continuer de mener une vie normale et d'avoir une certaine
autonomie », mentionne Chantal Petitclerc.
Athlétisme
Pierre Pomerleau, entraîneur de l'Université Laval de
Québec, fait découvrir à Chantal, alors qu'elle avait 18
ans, le monde de l'athlétisme en fauteuil roulant. Malgré un
début chancelant avec un fauteuil disons « bricolé »,
Chantal ressent le coup de foudre pour la course… et c'est
le début d'une merveilleuse aventure qui dure depuis.
Tout en pratiquant son sport, elle poursuit des études en
Sciences humaines an Cegep de Sainte-Foy et en Histoire à
l'Université de l'Alberta où elle s'est inscrite afin d'être
en mesure de s'entraîner avec celui qui est toujours son «
coach », Peter Eriksson.
Elle voulait sérieusement participer à des compétitions en
fauteuil roulant mais pour ce faire, cela lui demandait un
investissement variant entre 6 000 $ et 7 000 $. Elle a
demandé l'aide de son père qui lui a remis un chèque de… 400
$..., faute de moyens financiers. Mais les choses se sont
arrangées et elle a participé aux Jeux de Séoul, en Corée,
en 1988. Bien que les résultats n'aient pas été aussi bons
que ce à quoi elle s'attendait, Chantal savait, dans son
cœur qu'elle était « la meilleure au monde mais qu'il
fallait aller plus vite ». Elle a pris les bouchées doubles.
En 1992, elle dispute ses premiers Jeux Paralympiques à
Barcelone, en Espagne. Elle reviendra au pays avec deux
médailles de bronze. C'était le début d'une récolte
faramineuse de médailles qui se chiffre aujourd'hui à 16
médailles paralympiques. Elle a fait les Jeux Paralympiques
de Sydney, en Australie, en 2000, alors qu'elle a affronté
sa grande rivale, Louise Sauvage, une légende. « Je l'ai
observée et je me disais « Je vais la battre un jour… .». Et
c'est effectivement ce qu'elle a fait. Elle est revenue de
Sydney avec quatre médailles, deux d'or et deux d'argent.
Puis, ce furent les Jeux d'Athènes, « les Jeux les plus
beaux de ma vie », de dire fièrement Chantale Petitclerc. «
J'avais travaillé fort en musculation. J'étais bien
préparée, confiante. J'ai couru 18 fois en sept jours à
Athènes. Je devais affronter ma grande rivale, Louise
Savage, détentrice de neuf médailles d'or olympiques. Lors
de ces jeux, j'ai remporté cinq médailles d'or et j'ai battu
trois records du monde. J'ai fait la course de ma vie, soit
51,97 secondes au 400 mètres. Après 17 ans de travail, je me
retrouvais en possession de neuf médailles d'or… comme
Louise Sauvage qui avait déclaré vouloir se retirer après 10
médailles d'or. Elle a pris sa retraite avec neuf…», dira
Chantal.
La grande question est maintenant de savoir si Chantal
Petitclerc sera des jeux de Beijing en 2008 pour remporter
une médaille d'or et de devancer sa grande rivale
australienne.
Après avoir présenté une vidéo de ses cinq médailles
remportées à Athènes et après un moment de silence, le
président de la Caisse Desjardins de l'Ouest de la Mauricie,
M. Jean Chevalier a tout simplement lancé: « Je crois que
nous avons maintenant la réponse… », sous les
applaudissements des 200 personnes réunies dans cette salle
de La Porte de la Mauricie.
Chantal Petitclerc dit ne pas avoir encore pris sa décision…
Mais il y a fort à parier que dans deux ans, elle sera
effectivement à Beijing et qu'elle décrochera sa 10e
médaille d'or qui fera d'elle « la plus grande championne au
monde des Jeux Paralympiques ». Championne, elle l'est déjà
dans les cœurs de bien du monde dont ceux et celles qui
l'ont écoutée et appréciée au plus haut point en ce 5
décembre au soir… pas comme les autres, à La Porte de la
Mauricie, à Yamachiche !
Chantal, le mot de Cambronne pour les Jeux de Beijing ! Car
nous croyons que tu y seras…