Le Nouvelliste 28 novembre 2006

ATRAHAN TRANSFORMATION

Denis Trahan déplore la rigidité du syndicat


Martin Lafrenière
martin.lafreniere@lenouvelliste.qc.ca 

Trois-Rivières — La rigidité du syndicat des employés d'ATRAHAN Transformation est en grande partie responsable de la grève qui paralyse les activités de cette usine, selon Denis Trahan.

Le président et directeur général de cet abattoir de Yamachiche a livré le fond de sa pensée sur cette grève lors d'une entrevue accordée au Nouvelliste hier après-midi. M. Trahan est d'avis que la partie syndicale refuse de discuter d'un renouvellement de convention si les négociations ne portent pas sur son nouveau document de discussion.

«Le syndicat veut jeter la convention signée avec lui, et endossée par près de 100 % des employés, et imposer un nouveau document syndical qui, à mon avis, n'a jamais été vu par à peu près 125 des 200 employés syndiqués. Ce document a des coûts annuels supplémentaires de plus de deux millions de dollars. Il amène une gestion extrêmement lourde qui nous sort complètement du marché. On n'avancera pas à redémarrer l'usine sur la base d'un document syndical imposé qui met en péril la viabilité de l'entreprise et conséquemment des emplois.»

Selon M. Trahan, les demandes de hausse salariale du syndicat sont de 15 % dès la première année. Cette majoration atteindrait 19 % pour certaines classes d'employés. Pendant ce temps, Lucyporc a réussi à faire accepter un gel de salaires de trois ans à ses employés. Mais ATRAHAN Transformation fait face aux mêmes problèmes que son compétiteur dans l'industrie du porc.


PHOTO STÉPHANE LESSARD
«Notre convention est très comparable à celle de cinq autres compétiteurs au Québec qui oeuvrent dans le même domaine que nous» — Denis Trahan

«On a seulement trois ans de vie syndicale. C'est clair que ça prend une période d'ajustement, d'adaptation. Oui, on a fait des erreurs. Oui, le syndicat en a fait aussi. Mais ça ne justifie pas une grève. On dit depuis l'été dernier qu'on veut négocier sur la base de cette convention-là, comme n'importe quelle entreprise le fait, qui a été signée avec le même local syndical il y a trois ans. Oui, il faut bonifier certains éléments frustrants. On comptait beaucoup sur les pourparlers à venir dans le cadre de la convention actuelle pour améliorer ça. Mais ce n'est pas ce que le syndicat veut.»

Parmi les éléments frustrants, Denis Trahan énumère la clause d'affectation temporaire du travail. Il est prêt à inclure cette clause à l'intérieur de la prochaine convention collective. De cette manière, l'échelle salariale respecterait le travail exécuté par des gens habituellement affectés à d'autres tâches et dont la rémunération est moindre. Mais il aimerait bien que le syndicat cesse de déposer des griefs pour toute mesure disciplinaire prise par l'employeur, alors que l'employé visé n'est souvent pas au courant de la démarche de son unité syndicale.

La partie syndicale aurait une fois de plus étalé son incapacité d'assouplir sa position pas plus tard que vendredi dernier, lors d'une rencontre préparée par le service de conciliation du ministère du Travail.

«On a été convoqué au ministère du Travail à Montréal. On a commencé à 16 h et je suis sorti à 1 h pour savoir que le syndicat avait décidé de tourner les talons à une méthode de travail très intéressante proposée par la conciliation pour travailler les problématiques et les solutions sur le fond, sur les relations patronales-syndicales qu'on peut avoir. La haute direction de la conciliation a proposé de faire un blitz sur plusieurs jours et de régler rapidement une convention. Le syndicat n'a pas accepté. Il a préféré ne pas endosser ça, alors que le conflit aurait pu se régler. J'ai une déception très grande suite au week-end dernier. On avait une belle avenue pour dénouer l'impasse», remarque Denis Trahan.•
 

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