Le Nouvelliste 23 novembre 2006

ATRAHAN

Les grévistes n'ont pas l'intention d'abandonner

Martin Lafrenière
martin.lafreniere@lenouvelliste.qc.ca


Yamachiche - «Le moral est bon. Tant que le moral est bon, tout va être correct. C'est ce qui va nous tenir et on se tient.»

À l'instar de ses quelque 200 collègues de travail, l'emballeur Éric Boisclair estime que la grève chez ATRAHAN Transformation a toujours sa raison d'être. Aujourd'hui, les grévistes commencent leur huitième semaine de grève et la solidarité entre les employés ne semble pas vouloir s'essouffler.

Rencontrés sur le piquet de grève et à l'intérieur de la roulotte du syndicat des Travailleurs unis du commerce et de l'alimentation (TUAC-FTQ), les employés mécontents ont tous le même mot à la bouche: respect.

«C'est pas pour rien qu'on est en grève, mentionne Isabelle Chayer, emballeuse depuis un an à cet abattoir de Yamachiche. On a des bonnes raisons. On veut du respect, pour nous autres, pour les tâches qu'on fait.»

Mme Chayer fait ici référence à une requête du syndicat auprès de la direction d'ATRAHAN. Selon le syndicat, le déplacement du travail au sein de l'usine fait en sorte que certains employés gagnent moins cher pour une tâche qui est normalement mieux rémunérée.

Pour réchauffer tout le monde, un gros tas de bois traînant à côté de la roulotte des grévistes est prêt à être brûlé. Et signe qu'ils s'attendent à célébrer les fêtes en tant que grévistes, ils ont installé un sapin de Noël à l'extérieur de la roulotte.

«On sait qu'il y a un refus de négocier de la part de l'employeur, ajoute Jean Leclerc, qui passe le temps en jouant avec trois de ses collègues à un jeu de société. Ça ne me surprend pas même si ça me déçoit.»

Cet employé affecté à la vérification des porcs avant la coupe compte cinq ans d'ancienneté chez ATRAHAN. Selon lui, la perte de son gagne-pain entraîne une diminution de son revenu de 180 $ par semaine. Mais il réussit à s'en tirer avec son allocation de grève de 260 $ par semaine.

«J'ai une maison qui ne me coûte pas trop cher et j'habite proche. Je garde ma fille à la maison, je sauve sur les frais de garde.»

D'après ce qui circule comme rumeurs, ATRAHAN ferait abattre ses porcs dans d'autres usines situées à l'extérieur de la Mauricie. De cette façon, les syndiqués croient que l'entreprise peut se permettre de les faire sécher avant de reprendre les négociations. Mais entre-temps, des grévistes ont réussi à se trouver du travail ailleurs.


PHOTO: OLIVIER CROTEAU
Les grévistes commencent leur huitième semaine de grève et la solidarité entre les employés ne semble pas vouloir s'essouffler.

«Ils sont entre 10 et 20 et ce sont des employés majeurs. Quand l'usine va repartir, ça va être plus difficile», estime M. Leclerc.

«J'ai entendu dire que 97 personnes se sont trouvé des jobs ailleurs, à 20 heures ou à 40 heures par semaine», ajoute Stéphane de Charette, un employé qui compte quatre ans d'ancienneté chez ATRAHAN et qui est d'accord avec le maintien de la grève de la part des employés.

Pascal Lafrenière fait partie de ces travailleurs qui ont déniché du travail à temps partiel. Il est retourné travailler comme

«Financièrement, ça a de l'allure. On s'arrange. Mais ça vaut la peine (de faire la grève).C'est important de se tenir toute la gang ensemble.»
-
Pascal Lafrenière

cuisinier dans un restaurant de Shawinigan. Ça ne l'empêche pas de venir faire ses 16 heures de manifestation exigées par le syndicat. Et il soutient que les syndiqués font leur devoir de grévistes.

«Financièrement, ça a de l'allure. On s'arrange. Mais ça vaut la peine (de faire la grève). C'est important de se tenir toute la gang ensemble. On est là, sur les shifts de piquetage. Le monde arrive même 15 minutes avant le temps. Pis on s'organise un beau party de Noël.»•

_____________________________

(CLIQUEZ ICI POUR FERMER LA FENÊTRE)