Nouveau contrat de
travail chez Lucyporc
Martin Lafrenière
Yamachiche
Les employés de l'abattoir Lucyporc de
Yamachiche ont finalement accepté de signer un nouveau contrat de
travail qui devrait assurer la pérennité de la compagnie.
L'accord des employés est arrivé lors de la
dernière journée exigée par la partie patronale pour signer une
nouvelle entente même si la convention collective actuelle était
valable jusqu'en octobre 2007. La direction aurait laissé planer la
menace que sans la réouverture de la convention, l'abattoir de
Yamachiche était destiné à fermer.
Quelque 154 des 185 travailleurs syndiqués étaient réunis hier
après-midi en assemblée générale à Yamachiche. De ce nombre, 105 ont
voté en faveur de l'entente de principe recommandée par le comité de
négociations, alors que 46 ont voté contre. Deux bulletins ont été
rejetés et un membre s'est abstenu de voter.
Le contrat de travail sera en vigueur
d'octobre 2006 à octobre 2012. Selon la partie syndicale,
l'entente prévoit un gel des salaires pour les trois
premières années de la convention. Pendant cette période,
les employés recevront annuellement un montant forfaitaire
variant entre 400 $ et 500 $, tout dépendant du nombre
d'heures travaillées.
Pour les trois dernières années du contrat, l'employeur
versera une hausse salariale selon l'indice des prix à la
consommation (IPC), variant entre 2 % et 3 % annuellement.
De plus, la direction remettra 7,5 % des profits annuels aux
employés. Ce profit sera partagé entre tous les travailleurs
de Lucyporc, incluant les cadres.
Afin d'obtenir une part des profits, les employés ont
cependant perdu le jour de congé payé à leur anniversaire de
naissance.
Des gens satisfaits
Yvon Bordeleau, président par intérim du syndicat des
travailleurs de Lucyporc, était grandement heureux du
résultat du vote.
«Tout le monde voulait garder sa job. En acceptant la
convention, on assure la survie de Lucyporc.»
M. Bordeleau admet qu'un gel salarial est loin d'être un
gain pour la partie syndicale. Mais selon lui, c'est
l'effort qui sera consenti par les employés pour permettre à
l'entreprise de se développer davantage.
«On sait que Maple Leaf se retire. L'employeur a certifié
que des nouveaux investisseurs sont intéressés. Le gel des
salaires, on prend ça comme un virage ambulatoire», image M.
Bordeleau, en précisant que le Fonds de solidarité de la FTQ
et une institution financière sont les partenaires probables
qui devraient permettre à Lucyporc d'attaquer les marchés
européen et américain.
Yvon Delisle, négociateur de la Centrale des syndicats
démocratiques (CSD), était fier de voir que les membres du
syndicat ont appuyé clairement leur comité de négociations.
«Les offres patronales sont intéressantes. On n'a pas
l'impression d'accepter n'importe quoi. On a des gains
substantiel», raconte M. Delisle, en faisant référence
notamment au partage des profits et à la hausse salariale
annuelle prévue au cours des trois dernières années du
contrat de travail. |
PHOTO: STÉPHANE LESSARD
Le contrat de travail accepté hier par les employés de
Lucyporc permettra vraisemblablement la poursuite des
activités de cet abattoir. |
Daniel Dontigny, employé de Lucyporc, était ravi
que le vote ait été en faveur de la nouvelle convention.
«Ça a passé et je suis content. Les jobs sont
rares.»
Manon Périgard, une autre employée, était du même
avis.
«Quand tu as des enfants, tu veux continuer à
travailler.»
Jonathan Grenier est un jeune père de famille. Lui
aussi trouve important de conserver son emploi.
«Je voulais rester. C'est la première job sur une
vingtaine que j'aime. Et je trouve que des gens sont chialeux.»
Toutefois, Kevin Beaumier avait le feu au derrière
en commentant le résultat du vote.
«Le monde est habitué de se faire fourrer. On
mériterait d'être mieux payé!»
Des actionnaires heureux
Denis Levasseur, directeur général de l'usine de Yamachiche, a
brièvement commenté l'acceptation du contrat de travail par les
employés syndiqués.
«Les actionnaires sont satisfaits de cette décision
parce que ça assure la continuité de l'entreprise. Maple Leaf se
retire et le coactionnaire avait l'objectif de continuer les
opérations. Il y aura des nouveaux actionnaires et une des
conditions était une paix sociale.»
M. Levasseur a ajouté que Lucyporc doit faire en
sorte que les autres conditions imposées par les investisseurs
potentiels se réalisent prochainement. Il n'a pas voulu élaborer sur
ces autres conditions, ni sur les difficultés financières de
l'entreprise.
Selon le directeur général de Lucyporc, la
signature du contrat de travail devrait se faire au cours des
prochains jours. |