Le Nouvelliste 31 août 2006

Nouveau contrat de travail chez Lucyporc

Martin Lafrenière
Yamachiche

Les employés de l'abattoir Lucyporc de Yamachiche ont finalement accepté de signer un nouveau contrat de travail qui devrait assurer la pérennité de la compagnie.

L'accord des employés est arrivé lors de la dernière journée exigée par la partie patronale pour signer une nouvelle entente même si la convention collective actuelle était valable jusqu'en octobre 2007. La direction aurait laissé planer la menace que sans la réouverture de la convention, l'abattoir de Yamachiche était destiné à fermer.

Quelque 154 des 185 travailleurs syndiqués étaient réunis hier après-midi en assemblée générale à Yamachiche. De ce nombre, 105 ont voté en faveur de l'entente de principe recommandée par le comité de négociations, alors que 46 ont voté contre. Deux bulletins ont été rejetés et un membre s'est abstenu de voter.

Le contrat de travail sera en vigueur d'octobre 2006 à octobre 2012. Selon la partie syndicale, l'entente prévoit un gel des salaires pour les trois premières années de la convention. Pendant cette période, les employés recevront annuellement un montant forfaitaire variant entre 400 $ et 500 $, tout dépendant du nombre d'heures travaillées.


Pour les trois dernières années du contrat, l'employeur versera une hausse salariale selon l'indice des prix à la consommation (IPC), variant entre 2 % et 3 % annuellement. De plus, la direction remettra 7,5 % des profits annuels aux employés. Ce profit sera partagé entre tous les travailleurs de Lucyporc, incluant les cadres.

Afin d'obtenir une part des profits, les employés ont cependant perdu le jour de congé payé à leur anniversaire de naissance.

Des gens satisfaits
Yvon Bordeleau, président par intérim du syndicat des travailleurs de Lucyporc, était grandement heureux du résultat du vote.

«Tout le monde voulait garder sa job. En acceptant la convention, on assure la survie de Lucyporc.»

M. Bordeleau admet qu'un gel salarial est loin d'être un gain pour la partie syndicale. Mais selon lui, c'est l'effort qui sera consenti par les employés pour permettre à l'entreprise de se développer davantage.

«On sait que Maple Leaf se retire. L'employeur a certifié que des nouveaux investisseurs sont intéressés. Le gel des salaires, on prend ça comme un virage ambulatoire», image M. Bordeleau, en précisant que le Fonds de solidarité de la FTQ et une institution financière sont les partenaires probables qui devraient permettre à Lucyporc d'attaquer les marchés européen et américain.

Yvon Delisle, négociateur de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), était fier de voir que les membres du syndicat ont appuyé clairement leur comité de négociations.

«Les offres patronales sont intéressantes. On n'a pas l'impression d'accepter n'importe quoi. On a des gains substantiel», raconte M. Delisle, en faisant référence notamment au partage des profits et à la hausse salariale annuelle prévue au cours des trois dernières années du contrat de travail.


PHOTO: STÉPHANE LESSARD
Le contrat de travail accepté hier par les employés de Lucyporc permettra vraisemblablement la poursuite des activités de cet abattoir.

Daniel Dontigny, employé de Lucyporc, était ravi que le vote ait été en faveur de la nouvelle convention.

«Ça a passé et je suis content. Les jobs sont rares.»

Manon Périgard, une autre employée, était du même avis.

«Quand tu as des enfants, tu veux continuer à travailler.»

Jonathan Grenier est un jeune père de famille. Lui aussi trouve important de conserver son emploi.

«Je voulais rester. C'est la première job sur une vingtaine que j'aime. Et je trouve que des gens sont chialeux.»

Toutefois, Kevin Beaumier avait le feu au derrière en commentant le résultat du vote.

«Le monde est habitué de se faire fourrer. On mériterait d'être mieux payé!»

Des actionnaires heureux
Denis Levasseur, directeur général de l'usine de Yamachiche, a brièvement commenté l'acceptation du contrat de travail par les employés syndiqués.

«Les actionnaires sont satisfaits de cette décision parce que ça assure la continuité de l'entreprise. Maple Leaf se retire et le coactionnaire avait l'objectif de continuer les opérations. Il y aura des nouveaux actionnaires et une des conditions était une paix sociale.»

M. Levasseur a ajouté que Lucyporc doit faire en sorte que les autres conditions imposées par les investisseurs potentiels se réalisent prochainement. Il n'a pas voulu élaborer sur ces autres conditions, ni sur les difficultés financières de l'entreprise.

Selon le directeur général de Lucyporc, la signature du contrat de travail devrait se faire au cours des prochains jours.

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